mercredi 20 juin 2012

Allez-y, gâtez-vous!


BANG!!!! Je me demande bien ce que j'ai reçu par la tête. Je regarde par terre. Une pantoufle rose! « P'tit tabarnak! Ramasse ta marde calisse! » Pis pour ben faire, ladite pantoufle a aterrit drette sur le rejet intestinal de mon pauvre Ali. - « Y'a des allergies alimentaires madame. Comment voulez vous que je ramasse ça? » lui dis-je en regardant la pauvre bête qui aurait bien besoin d'immodium. « Ah oui, pis en passant là, vos pantoufles, vous y teniez beaucoup? » La dame se calme et semble avoir un téléphone dans la main... J'aperçois des gyrophares...osti! La police crisse! Je regarde mon chien pis j'y dis « veux tu ben finir!!!! » Le pauvre me regarde d'un air totalement désespéré, semi accroupi, avec le shake dans les pattes...

- « Monsieur, vous savez que vous devez ramasser les déchets de votre animal domestique sous peine de contravention? » me demande une superbe constable à la tignace dorée. - « Madame, euh constable, euh gendarm...ette? » de baragouiner maladroitement le con que je suis. Tout ça sous le regard d'Ali, encore ben stallé, comme quoi sa situation est préoccupante. - « Mais je te reconnais toi! T'es le chanteur qui fait des miracles! Coudonc, t'es toujours rendu avec la police? Mais en personne, t'es quand même pas laitte pantoute... » Bon. De kossé encore? J'ai jamais vraiment eu le fantasme des uniformes mais après m'être tapé une bonne, pourquoi pas une madame police? « Écoute ben la vedette, je suis prête à fermer les yeux sur cette histoire mais en échange on se prend une bouffe OK? » J'acquiesse... coudonc! Mon chien est tu empaillé? « 21h ce soir au Savini...et tu me fais pas dans les mains, c'est tu clair? » Je l'imagine déjà me faire ces yeux-là au lit... GRRRRR!;-)

Je regarde Ali... puis-je lui faire confiance? Je vais voir un client dans St-Roch. - « Pas de dégâts mon Ali OK? » La bête se couche bien sagement...

La belle saison bat son plein. Les femmes sont belles, le ciel est bleu pis j'm'en va ramasser un méga-contrat chez mon client Victor, patron de VicVaVite, entreprise spécialisée dans l'optimisation des configurations de systèmes informatiques. J'entre dans son NEC plus ultra de bureau situé rue Saint-Joseph. - « Allô mon beau! »-ah oui, Victor aime bien les mâles... « Regarde mon nouveau système! Il peut tripler la vitesse de ta machine! Tu vas trouver un nom pis un logo pour ça. Pense vite là, vite, vite, vite! Je t'emmène manger! » Victor aime bien les découvertes. « Y'a un nouveau vietnamien qui vient d'ouvrir au coin là, on essaye ça! » Victor est un bon Jack. Malgré ses quelques allusions, il a toujours été très respectueux avec moi. « Ah regarde les Dan! Y sont tous jaloux de me voir avec un beau jeunot comme toi » Y s'en fait à croire des fois Victor! On traverse la rue sans avoir notre lumière et... Whaaaang! J'te fais un crisse de saut! C'est la police qui nous avertit... Ah ben... c'est ma petite blonde contrôlante qui pointe sa montre avec son index, histoire de me rappeler mon rendez-vous de ce soir. Je la regarde et souris...

- « Entlez, entlez! Bienvenue aux Malais de saïgon » de dire un minuscule vietnamien avec ce rictus si typique aux gens de son pays. Ça sent bon et je regarde le menu, tout affamé. « Je vous suggèle la soupe-lepas au boeuf » Aussitôt commandée ou presque, le voilà qui arrive avec deux abondantes portions. « Je vous ai mis sans flais un extla gingemble. Ça stimule la digestion et le système immunitaile » Ça goûte bon mais pourquoi je prend toujours de l'osti de bœuf... on dirait des élastiques de facteurs peints en brun... du vrai caoutchouc. - « Cette vache-là, elle devait pas marcher mais plutôt rebondir! » dis-je, évidemment lorsque le serveur est éloigné. Victor rit de bon cœur malgré sa situation peu reluisante. Son ex l'a foutu là pour un jeunot et depuis, cet entrepreneur de 56 ans ne fait que travailler... pour oublier. - « J'ai plus l'âge Dan d'aller cruiser au sauna... pis draguer dans un bar, c'est pas mêlant, ça me fait chier! »


On rentre à son bureau après un copieux mais trop généreux repas. Victor a une super gang au travail. L'ambiance est très familiale... et combien gaie! Je crois qu'ils le sont tous. Je suis le martien quand j'arrive là. J'ai emmené mon portable car Victor doit présenter le premier jet de sa nouvelle image à son partenaire japonais. « Y'a 12 heures de différence donc mon petit génie, t'as jusqu'à 20h pour me pondre un miracle ». Je me mets à l'ouvrage. J'occupe un poste de travail vacant tout juste dans la vitrine à côté de la porte d'entrée. Y'a un sans abri qui est installé juste à mes pieds avec son chien... c'est un peu hallucinant. Je vois cette faune urbaine et j'ai l'impression de regarder dans un aquarium. Mais l'aquarium, c'est peut être moi qui y est dedans finalement!

J'aime créer sous pression. Mais Victor est un méchant téteux. Il ne fait pas que s'enfarger dans les fleurs du tapis. Il les sème et les fait pousser en grand nombre. Le temps file et j'ai pas le choix d'aller à ce rendez-vous. Ça tombe bien car j'ai une chemise propre donc je pourrai filer directement là-bas. - « Wondelfull! You'le a leal genius! » de s'exprimer le japonais sur Skype avec encore des graines de toasts dans les yeux. Bon ben c'est pas ce soir que je vais me faire Hara Kiri! - « Bravo Dan! Quel beau concept, le V en forme de fusée... Wow! Mais chu pas sûr de la couleur que le japonais a choisi. Un brun de même, sans vouloir te vexer, on dirait de la marde LOL!!!!!! »

Je quitte en vitesse. Même pas le temps d'aller à la salle de bains... pas grave, j'irai là-bas!

Je pars en vitesse et je me stationne à 20h 55. Je pique une moyenne course pour être certain d'arriver à l'heure. J'ai comme un poing... ça va passer.

WOW! Quel pétard sans son uniforme. Son petit regard autoritaire est toujours là lui. - « Allo! » me dit-elle timidement... pis à sent bon en plus. Tsé, on s'imagine pas qu'une police pue mais encore moins qu'elle sente le bon parfum. Les polices que j'ai eu l'occasion de sentir sentaient toutes le caoutchouc LOL! C'était mes GI Joe LOL!

- « Je sais même pas ton nom, jolie constable » lui dis-je. - « Désirée... Désirée Larivière-Bruni » - « Ah ouin? Es tu de parenté avec la chanteuse? » - « De très loin... Mes parents se sont connus en Italie lors d'une innondation. Y'a eu un glissement de terrain et il l'a sauvée d'un fatidique destin »

Elle est vraiment belle, cultivée, souriante... Ayoye! J'ai une crampe. Y'a de quoi qui passe pas. Je file Cuba pas mal. Ça va passer me dis-je. On continue à faire connaissance. Mais j'ai chaud... - «  Ça va Dan? » - «  Oui, oui! J'ai juste un peu chaud. » Notre bière arrive et j'ai la bouche sèche. J'en cale la moitié...erreur! Ça gargouille pas mal. Désirée parle sans arrêt et j'ai de la difficulté à la suivre mais ce qu'elle dit m'énarve en crisse. -  «  Moi le chocolat j'adore mai en fondue... Y'a rien comme un bon bain de boue... Ah moi Dan, quand j'ai envie, j'ai envie et grrrr! Ça presse. » De toute évidence, ça marche pas pantoute et je vais devoir trouver une solution... ou causer un irréparable émoi au Savini. Je peux pas aller aux toilettes là, c'est hors de question... En tout cas, là, je la pogne son histoire d'extla gingemble au vietnamien!!!! Alors, kosséque je fais? Mon texto sonne. C'est Victor! « Dan, je sais pas comment tu vas mais moi, chu sur la bolle depuis une heure... » Crisse! - « Ça va mon beau? On dirait que tu as des fourmis dans les jambes. » - « Non, non! C'est juste ma fille... Tu sais les ados! Je vais sortir dehors lui parler deux minutes et je reviens OK? » - « Reviens vite, beau moustique! »

Là chu rendu dehors et je fais semblant de parler au cellulaire. Rien n'est réglé et cette petite marche a empiré la situation. Je regarde à gauche, à droite et je suis désespéré. Si je me décontracte, je suis foutu... complètement foutu crisse! Je vois l'enseigne du Ashton. Je marche en direction en sachant que j'ai une chance d'atteindre l'objectif. Si je me butte à une porte verrouillée, c'est fini. Le resto est vide. Le caissier me regarde, hyper sympathique. - « Bienvenue chez Ashton, je peux prendre votre... » Je lui fais un immense sourire et je pointe la porte de la salle de bains en disant : « Hi hi, heu... une petite minute! » La porte se referme derrière moi.

Ça fait maintenant 20 minutes que je suis là. J'ai envie d'appeler Hubert Reeves pour qu'il tente de m'expliquer comment mon corps peut contenir autant. Je pense à Ali ce matin et j'ai la patte qui shake et je suis barré ben raide... J'en viens à bout. C'est sans compter les textos de Désirée auxquels je n'ai pas répondu. J'entrouvre la porte. Le caissier a le dos tourné. Je file à l'anglaise. C'est fou comme une visite à la toilette qui tourne mal et on a l'impression d'avoir commis un méfait.

Je vois mon auto au bout de la rue et à l'autre extrémité, Désirée qui regarde partout, tel un chien pisteur. J'avance vers elle, mon téléphone vibre. - « Méchant trou de cul... va te faire foutre! » J'accélère le pas pour la rattraper mais les crampes me repognent... Chu fait à l'os. Je tourne les talons et ne répond pas. Comment expliquer à une première « date » que je viens d'avoir une méchante tourista chez Ashton? Inutile. Les chances qu'on se revoie sont nulles anyway.

J'embarque dans ma voiture... Ça presse! Je vais très vite et force la jaune... non. Je grille un feu rouge. Osti! Des lumières de police. Je me range sur le côté. Cette fois, c'est une brunette qui débarque. Moi j'ai mal. Je me dis de pas trop m'en faire. Après tout, Jacques Villeneuve a déjà fait dans son froque en plein Grand Prix... - « Vous avez pas vu la lumière? Ah ben! C'est pas vous le chanteur qui fait des miracles? » Ah ben calisse! « Tu sais mon beau, je peux fermer les yeux là-dessus si... » - « NON! Mon ticket s'il vous plaît! »

140$ pis j'arrive sain et sauf... tout comme mon pantalon! J'ouvre la porte... Mon chat est tacheté, mes rideaux aussi... Osti! Ali!!!!!!!! Je l'avais oublié... y'en a partout. Je les regarde en leur souriant et je leur dis : « Hi hi, euh... une petite minute! »

À plus!!!
Le Chien Perdu