vendredi 24 février 2012

La Barbelle (la suite)


Comment dire? Parfois, vaut mieux ne pas savoir que de trop savoir... Derrière le rideau se trouvent Cédric et Maxens, allongés chacun sur une table, à se faire poser une barbelle au nombril avec 2 petits caniches en pendentif, l'un rose et l'autre blanc perlé... les deux se regardent amoureusement. Ils s'embrassent... « Écoeurant!!!!!!! » d'hurler Anouk en arrachant son turban et ses lunettes. Cédric passe du rose cochonnet au vert olive au blanc javellisé. - « A... Anouk? Kossé tu fais ici mon... amo.. » - « Toé, ta yeule tabarnak! Tu m'a 'FAITE' marcher chien sale! On était même entrain de négocier UNE achat de maison ensemble. Tu m'a 'TRAHISE'!!!! »

- « C'est ça hein? Tu vas encore retourner avec elle pis me serrer dans le placard hein? » de pleurnicher Maxens dont je remarque le viril tattoo de Betty Boo sur son pectoral droit. C'est drôle là, mais dans mes oreilles, le nom Cédric et l'expression 'Crissement dans marde' sonnent tout à fait pareils. - « C'est pas ce que vous pensez! J'ai une explication...pis arrêtez de me regarder de même!!!! » de répliquer Cédric. « Mon père, c'est Yvon Dupras, le magnat de la finance de Québec. » Ah ben wow! Est bonne celle-là! « Si je n'ai pas de femme dans ma vie, je serai déshérité pis y me coupe les vivres. Pis je tiens à mon projet d'ouvrir ma boutique de collants pour hommes 'Le Croque en Jambes'...pis les collants Anouk, c'est pas pour ma circulation... c'est pour être bien dans ma peau! Pis Maxou, je t'aime plus que tout snif!... Ma vie est finie!!!! Je vais me tuer, je vous le dis là!!!! » En disant ça, Cédric tient sa barbelle comme une goupille de grenade... tire dessus si tu veux, tu mourras pas au bout de ton sang... LOL! Pouf! Le nouveau sorti du placard s'effondre au sol... - « Cédriiiiic, mon amouuuur! » hurle en pleurant Maxou - LOL...Maxou hahaha! - en se précipitant vers son homme.

Anouk est sans mots. Elle essuie à peine quelques larmes. Elle m'inquiète. Elle me regarde et se blottit dans mes bras. - « Dan, j'ai rien vu venir! Pourtant ça se voit UN orientation sexuelle.» Come on Anouk! C'était clair comme de l'eau de roche! « Chu peut-être aux femmes moi aussi pis je le sais pas? » - « Ben voyons Anouk... t'as fait confiance pis ton amour t'a aveuglée... t'es toujours la même toi » Mon regard empreint de désir me trahit. Elle le sait. Je file cheap. C'est pas le temps. Je me resaisis.

- « Vous, vous perdez rien pour attendre. La police s'en vient. » Ouin, le punk est en tabarnak et Anouk risque de devoir répondre à une accusation de voies de fait. « Vous êtes même pas des vrais italiens... Toi le gars... t'es pas un chanteur me semble? » - « Heu non, non! je... » - « Oui! C'est mon ami Dan! Y joue dans Mosquito-B... Y sont super bons! » de dire naïvement et à mon grand découragement Anouk. - « Ché pas si tes fans vont apprécier de savoir que tu fais de l'usurpation d'identité... Kossé t'en pense, Mario Lanza? » Osti, si y faut que genre, Pense Bonne tombe là-dessus, chu fait à l'os. J'aurais donc dû pas accepter le show au bar en face de sa shop... c'est probablement là qu'y m'a vu... pis on a eu des problèmes de son toute la soirée...

- « Combien tu veux pour laisser mes amis tranquilles? » Cédric est revenu à lui et il semble avoir les moyens financiers de discuter. - « Ben heu... 500$? » - « Va pour 500$! Profiteur! » On sort de la boutique et quelle ne fut pas notre surprise de voir les agents de police embarquer le punk finalement... faut dire que d'avoir sur soi un petit sac de poudre et 500$ cash, ça part mal une conversation LOL!

Cédric n'avait, jusqu'à maintenant, dit mot à personne de la réalité quotidienne qu'il vivait, ce qui nous empêchait de lui en vouloir profondément. Mais pour lui, le problème demeurait entier. Si il quittait Anouk, c'en était fait de ses finances et il se voyait renié à tout jamais par son père, soucieux de conserver une image hétérosexuelle dans la famille. Sa job au Sacrilège n'était qu'un cover up et c'était surtout l'endroit où Maxens se tenait. Même ce dernier n'était pas certain de l'orientation de Cédric. C'était son premier 'coming out' à vie. Je me sens triste pour lui mais au moins il l'a dit et doit se sentir mieux. Je convainc tout le monde d'aller parler au Salons d'Edgar. On entre et on se rend dans le fond de la place, en arrière des tables de billard. J'y vais moins souvent ces jours-ci mais j'aime bien la place... crisse, encore du Carla Bruni qui joue. Ici c'est comme un peu granola mais avec des gens de carrière. Y'a même Robert Lepage qui se tient ici. Y'a moi aussi des fois hahahahahahaha!

Anouk a une résilience hors du commun. La voilà qui jase vernis à ongles et collants avec Cédric qui lui, semble inconsolable. J'ai une idée! - « Anouk n'a qu'à te tromper avec moi et ton père ne te tiendra pas rigueur d'être en peine d'amour totale pendant un an ou deux non? D'ici là, les choses auront peut être évolué de son côté. » Tous sont emballés par la proposition. On sort les quatre un peu avinés, Cédric et Anouk se tiennent par la main et se regardent d'une amitié sincère. Je remarque dans le stationnement de la fabrique une voiture noire... y'est 9 heures du soir pis les gars ont des verres fumés... ça se prend pour James Bond à Québec... bravo! Les deux 'barbellés' décident de finir la soirée à la Cuisine un peu plus loin. Anouk et moi allons officiellement passer la nuit ensemble pour que l'alibi tienne.

- « Cédric, je t'aimerai toujours. T'es t'UNE individu formidable et en disant ce que tu penses au fond de toi, tu prends UN avenue gagnante. » - « Toi aussi belle rouquine... être au femmes, on aurait pu faire un bon bout de chemin... bisous! » Maxou a gagné mais sa victoire a un goût amer. Il ne pourra s'afficher en public avec son amoureux... les deux maintenant unis par un... caniche s'à bedaine!

On arrive chez moi et je suis très énervé. - « Écoute Dan, je suis super down mais tant qu'à tromper Cédric, me semble que de me taper un hétéro et de le faire pour vrai, ça me ferait plus que du bien. » Je souris. On est dans le salon pis on s'embrasse comme des loups affamés... elle descend sa main... Ayoye!!!! Osti, la momie! - « Anouk, je peux pas là... » Je lui raconte mes quatre cafés de la Brûlerie St-Jean. Elle est déçue mais comprend. Cependant, intriguée, elle veut voir la momie...pas le film là. Et comme un bébé amusé par son hochet, elle finit par tomber de fatigue, la tête sur ma cuisse. Je lui flatte les cheveux. Ali et Baklava sont couchés, la maison est calme. Tiens donc, Rachel Weisz sur pause à l'écran! Je continue mon film et je m'endors dessus...

Faut vraiment que je sois brûlé pour avoir passé une nuit assis. Il est 7 heures et je me lève pour faire pisser le clébard dont le regard m'exprime son ennui de me voir souvent parti. Anouk est déjà dans la douche. Je lui fait un café. Elle sort totalement nue de la salle de bain... bon la momie se réveille.LOL - « J'ai bien dormi Dan. Ça va là. C'est UNE autre épisode de ma vie que je dois commencer. » Je lui offre d'aller la conduire chez elle. Hé qu'à me trouve galant.

On sort dehors. La voiture noire d'hier soir est stationnée devant mon terrain. Deux gars en sortent. - « Daniel Moisan? » - « Heu oui? » Y'en a un qui sort un gun. Je comprends pas là. J'entends un cri. - « Daaaaaaan!!!!! » BANG!


À suivre...

Le Chien Perdu


mercredi 22 février 2012

La Barbelle


Je relaxe, c'est congé et Léo Labine est en convalescence tout entouré de bandelettes. Ça fait mal une brûlure... Mais je sympathise avec mon plus fidèle compagnon en abordant la thématique 'Égypte ancienne'. J'ai décidé de relire 'Tintin et les cigares du pharaon' et j'ai loué la trilogie de 'La Momie'...je crois même que mes prochains condoms seront des 'Sheik' LOL! Est donc ben belle la fille qui joue avec Brendan Fraser...Rachel Weisz... osti qu'est femme! À m'aime pis à le sait pas encore LOL!

Juste au moment où je m'imagine entrain de sauver cette super chick de tous les périls de l'univers, mon téléphone sonne. Ah ben, l'afficheur me dit que c'est Anouk. Si elle m'appelle, c'est qu'est dans le trouble. « Allô? ». - « Dan, snif... c'est Anouk, snif! Je pense que Cédric me trompe... ouaaaaaaahhhhhhhhhhh! ». Je suis pas surpris. Ma seule question c'est avec quel gars ...LOL. - « Explique-moi Anouk. Comment as tu découvert ça? » La rouquine ravale ses sanglots. - « Ben, tsé, j'avais fait le lavage pis je m'ai rendu compte que j'avais mis les collants roses de Cédric dans mon tiroir à bobettes – ben oui, y dit que des collants, ça l'aide pour la circulation dans ses jambes – pauve tit... Faque j'ai ouvert son tiroir à lui – en tout cas, d'après moi, y s'entraîne en cachette parce que y'a plein de revues de culturistes hi hi hi – mais là, j'ai trouvé une ba... une ba... une barbelle... ouaaaaaaahhhhhhhh! »

- «  Une bar..quoi? » dis-je, de toute évidence, générationellement inculte et dépassé. - « Une barbelle... tsé là, l'affaire là, le bijoux qu'on se met quand on se fait percer le nombril. » OK, c'est ça une barbelle... ouin, ça prend un nom à tout. Ça pouvait toujours ben pas s'appeler une boucle de nombril ou ben un anneau ombilical... - «  Oui mais Anouk, c'est peut être un cadeau qu'il te fait... » - « Non! Y sait que je veux rien savoir d'UN affaire de même. J'aime pas ça moi UN aiguille pis on peut pogner UN infection en plus. Non, y me trompe, snif! » J'ai une idée... - « Et si on le suivait? T'en aurais le cœur net, non? » -  « Ben y'a rendez-vous à 16 heures avec son ami Maxens pour ses sinus qu'y dit... Ça a l'air qu'au sauna, ça dégage les voies » Coudonc! À voit tu clair calisse? Le sauna! Calvaire!

On convient donc de se rejoindre sur St-Jean et nous allons filer son hétéro indécis pour voir s'il rejoindra Maxens pour aller se faire débloquer les sinus comme y dit... j'ai l'impression qu'on a pas tous les sinus à même place mais bon, je vais m'abstenir de tout commentaire déplacé.

Deux caves. Oui, on a l'air de deux caves. Anouk et moi, on se rejoint sur le parvis de l'église St-Jean-Baptiste, moi tout de noir vêtu avec mes lunettes fumées et ma tuque Jack Daniel's gagnée dans un concours de beuverie y'a 6 ans au Cactus. Elle a un turban noir à la Francine Grimaldi avec un énorme poncho de la même couleur et des lunettes qui couvrent à peu près la moitié de son visage. « Dan, je t'ai emmené ça » Osti! Une fausse moustache! « Pis tu t'appelles Roberto et moi ce sera Lynda OK? On est un couple d'italiens. » - « Oui mais on parle pas italien! » - « Personne parle italien ici anyway. On parlera français mais avec UNE accent ». Ça commence à être drôle finalement...je regrette plus d'avoir mis Rachel Weisz sur 'PAUSE' LOL! « Cédric est passé à la maison ce midi pour se changer qu'y dit. Pourquoi se changer? C'est sûr qu'il en voit une autre bouhouuuuuuu! » C'est pas drôle, ma petite 'tantrique' est maintenant rendue 'tantriste';-( - « Ne t'en fais pas A... heu Lynda! On va tirer ça au clair. »

J'entends toujours la musique de 'Mission Impossible' dans ce temps-là. On est Standby. « Régardé, Roberto, c'est Maxens l'ami dé Cédric » me chuchotte-t-elle avec un accent ridicule. - « Yé vois, yé vois » de lui répondre le rital que je suis devenu. Maxens, c'est la copie conforme de Xavier Dolan, pantalons skinny, petit perfecto ajusté avec une cravate rouge en cuir...ouf! Des bottes zèbrées...bon! Cédric sort du bar où il travaille et les deux se donnent une accollade...crisse, on dirait qu'y viennent de cogner un circuit en 12e manche lors de la série mondiale! - « Cé sont vraiment dé bonnes amigos, régarde les! » me dit l'ultra naïve Anouk qui, je crois, va prendre une esti de débarque tantôt. Les gars filent vers l'Est. - « Souis moi Lynda! » Je prends quand même deux secondes pour regarder Anouk qui malgré son déguisement, sent toujours aussi bon pis sa bouche, osti! Sa bouche! Grrrr! On les suit de trop près je pense. Oups! Cédric tourne les talons préoccupé...Anouk me prend illico dans ses bras et m'embrasse langoureusement...osti qu'à french ben elle!!! Non Dan...pognes y pas les boules, ce serait déplacé en pleine rue de même. Mais à me titille en cibole c'te poitrine-là... Ché pas en quoi est faite...en désir je pense, ouin... une poitrine en désir LOL!!!

Cédric avance dangereusement vers nous...on s'étreint encore plus pis j'ai peut-être pas les mains dessus mais les imposantes jumelles sont accotées solide sur moi...tellement confo!!!! Ahhhhh! Cédric passe tout juste à côté de nous et marmone - « Si seulement je pouvais faire comme vous... » Osti, c'est de nous qu'y parlait! - « Cédriiiiiic! Pars pas! » de pleurnicher Maxens. « Ça fait 5 fois qu'on remet ça...bon Dieu, décide toi! » L'interpellé se ravise et reviens sur ses pas. « Je suis tellement fier de toi! » de lui dire l'échalotte au toupet vaniteux. Anouk et moi sommes médusés...de quoi s'agit il?

- « Roberto, yé né comprend pas dou tout cé qui sé passe...mêmé pas OUNE indice! » me dit agent spéciale Lynda. - « Continouons dé les souivré... Tou trouvé pas qu'on a l'airé cave en parlant dé mêmé Lynda? » lui demandai-je. - « Pétêtre in pé finalément » acquiesse la gothique turbannée. Nos moineaux se poussent plus loin mais nous les filons toujours. Ils entrent dans une shop de tattoo. Tiens donc! Lynda et moi nous nous collons toujours mais face à la vitrine et elle observe ce qui se passe au dessus de mon épaule.

« Heye, y parlent avec deux filles! » - « Ha ouin? » -  « Si,si! Y vont au fond de la pièce... Y tassent des rideaux pis y rentrent là les quatre! Ah ben ça marche pas ça! » -  « Anouk, fais pas de conneries. On va rentrer pis continuer à faire nos italiens OK? »

On est accueillis par – c'est pas mêlant – un gruyère sur deux pattes pis complètement tattoué. - « Salut, est-ce que je peux t'aider? » Avez vous remarqué, dans ces endroits là, je personnel est toujours extrêmement courtois, voire même plus class que la moyenne des gens, malgré leur apparence un peu épeurante? Y'a les cheveux mauves...en tout cas, sérieux, ce gars-là, y peut pas garder de l'eau dans sa bouche...une vraie passoire...

- « Hé... bonjourno, yé veux trouver in tattoo pour ma dolce amore en souvénir dé notre escapadé à Québec! » Pendant ce temps-là, Anouk tend l'oreille en vain... On doit aller plus loin vers le fond de la pièce. - « Vous êtes italiens? Je reviens d'un voyage d'étude sur les anciennes civilisations à Rome et à Florence. Je rédige une maîtrise sur les parallèles circonstanciels qui ont motivé la formation de civilisations aux paramètres de gestion des affaires publiques totalement opposés lors d'une même époque donnée » Calisse, me semble que ta phrase est pas assez longue, l'homme-hameçon! Pis comme disait Oscar Wilde, 'je suis pas assez jeune pour tout savoir'...

- « Y'aimerais voir où est-cé qué vous faites vos opérationnes, ma femme elle est difficilo sour la proprété » On passe derrière le comptoir et à peine 3 mètre de franchis qu'on perçoit la trame sonore de ce qui sera un fiasco, peu importe l'issue, je le sens. - « Hi hi hi! Tu me chatouilles arrête! » de dire Cédric. « Ayoye! C'est ben gros! Vas y doucement! Aille! Aille! » Anouk vient de tilter. - « Madame, vous ne pouvez pas...BANG!!!!! » Là y'a un punk d'effouèré dans le mur pis y'est assez sonné merci. Anouk fait ni un ni deux et elle ouvre le rideau pis...OUF! La claque s'à gueule... - « Cédriiiiiiiiic!!!! »


À suivre!

Le Chien Perdu

lundi 20 février 2012

À la Brûlerie...ou comment se brûler?


« Quand tout se tient encore, on a de qui tenir », me dis-je en pensant à mon oncle de 85 ans dont la libido n'a jamais fait défaut toutes ces années. Je marche d'un pas convaincu vers la Brûlerie St-Jean en me disant que je vais me pogner des femmes de contenu, des intellectuelles à l'abri de la mode et des tendances. Je ralentis le pas, je dois être cool, avoir l'air de ces sacs à puces granos barbus qui semblent au dessus de tout. Faut que je me fasse croire qu'on peut vraiment changer le monde...esti, c'est pas facile ça! J'ai mon manteau North Face et mon sac à dos avec mes cheveux au vent, pis une barbe de trois jours... la simplicité volontaire de luxe!

Je salue la caissière et lui commande un thé...je bois pas de café, c'est compliqué. Ah pis je prends tu un jus d'orange? Un thé, ça fait fif en esti! Ou ben ça fait gars qui a abdiqué ou ben donc un motté qui croit aux anges pis qui lit Le Secret...osti de bullshit! La vie est injuste, point! Comptons nous chanceux d'en faire partie crisse! Bon! Un jus d'orange... Je monte au deuxième... Calvaire! Un harem! Plein de petites pitounes entrain de taper à l'ordi. Je file socio, anthropo, droit, histoire de l'art... non crisse Dan! Tu files pour te mettre... Assume esti!

Je m'asseois et j'ouvre mon portable. Je vais commencer un épisode du Chien Perdu me dis-je... Je lève les yeux de temps en temps, passant mon scanner à prospects tout autour. Oh... une tite nymphette à lunettes qui semble chercher du regard un sauveur comme moi. Je la dévisage en souriant... cou donc! Elle a tu les yeux dans le même trou? Elle sourit mais regarde... son chum qui arrive avec 2 cafés... crisse que j'haïs ça! Faut checker les chaises autour Dan, son manteau y était accroché...à Battleship là, t'aurais perdu! Elle parle à son homme en me pointant du doigt...Y me regarde bête...calvaire, r'viens en le jeunot! Pis à part de ça, est laitte ta blonde!

Il se lève, je me braque...chu prêt à me battre. « Excusez moi... ma blonde veut savoir si vous êtes Daniel L. Moisan? » Ah ben viarge! - « Heu... oui! » Mais encore? - « Elle a votre bouquin avec elle... voudriez-vous le signer? » Heye, ça, ça fait mon affaire! Je me lève et me rend vers elle. - « Bonjour! Daniel... et vous? » - « Je m'appelle Pimprenelle et mon copain c'est Albert. » Pimprenelle...calisse! C'tun nom de hamster ça ou ben de tortue... les flots des baby boomers... y'étaient tous gelés ces parents-là quand ils ont eu leurs enfants... « J'ai adoré votre bouquin. Mon copain et moi avons même été en Italie faire le trajet de vos personnages...voyez Daniel, tu vois aussi Albert, y'a rien qui arrive pour rien! » - « Mon Dieu, je suis sans mots! Merci! » J'autographie le bouquin bien à la vue et fait même mine de chercher un point plus éclairé, histoire de faire un 360 afin que chaque prospect potentiel puisse me zyeuter ;-)

Crisse, ça s'écrit comment Pimprenelle? Bon, dans ce temps-là, on sort sa plume d'artiste tourmenté...on écrit le nom de la personne mais de façon illisible... elle va voir le P, l'autre P pis les deux L et le E à la fin...pis elle va acheter ça à 100 milles à l'heure. Mais en même temps, je trouve ça impoli de demander d'épeller le nom, surtout que de me faire épeller Pimprenelle, je risque de lui partir à rire dans face. - « Vous aussi vous croyez en 2012...c'est ce qui est écrit dans La Légende... » me dit elle. « Il faut se préparer. Nous avons besoin d'un leader comme vous pour faire renaître Gaya! » Tabarnak, kossé ça? « On vous a vus aussi à la télé pour l'histoire du miracle de Saint-Romuald. Votre pouvoir a permis de démasquer une fraudeuse...il est là le vrai miracle et... vous avez quand même fait danser le soleil dans le parking du IGA... ça, personne ne peut l'expliquer! Mon professeur de croissance personnelle nous dit que - pardon si je chuchote, nous sommes peut être suivis - vous êtes un illuminati!!!»

Osti, des malades! Je souris en remettant le livre et je fais un geste style « c'est notre secret » car j'ai peur de continuer cette jasette de psychotique paranoïaque. Ils me font un clin d'oeil en me faisant le signe de Mr Spock et me disent « Live long and prosper ». Évidemment, ce petit délire n'est rien comparé à toute l'attention que j'ai obtenue de la part des demoiselles assises et qui se demandent qui suis-je pour signer ainsi des bouquins? Je marche la tête en l'air... dommage que j'ai pas gardé mon foulard, qu'il ne vente pas ou bien qu'on ne soit pas sur le bord de la mer... Hemingway, sors de ce corps! me dis-je en soupirant de vanité...BANG!!!! Ils étaient quatre...oui! Quatre cafés brûlants...des 20 onces là, sur le petit cabaret de la dame. Avoir des pantalons foncés a l'avantage que, quand tu te renverses de quoi dessus, ça paraît pas trop mais côté sensation, aucun camoufflage n'est possible. Je garde mon calme mais je souffre vraiment. Je dois illico aller à l'hosto. Je prends mon sac et salue les gens comme une duchesse du carnaval dans son char allégorique à moins 40...crispé calisse! Spock pis Pimprenelle Huhura se demandent pourquoi je pars si rapido... - « Un rendez-vous de dernière minute avec mon... ouf! Mon... éditeur;-) »

Chaque pas est un calvaire intolérable pis oui, bravo mon Dan, tu t'es parqué loin...

Ça fait deux heures que j'attends à l'urgence pis là, ça file pas. Sophie a un frère urgentologue. J'espère qu'il est pas de garde. -  « Daniel L. Moisan! C'est vous qui avez le pénis brûlé? » La salle d'urgence est pleine. « Monsieur Moisan! » Je me demande si je devrais tout simplement faire le sourd et changer d'hôpital mais c'est trop souffrant. Je me lève et ça rit...calisse que ça rit...sauf les gars qui me regardent avec souffrance et compassion, espérant que je ne me suis pas ébouillanté la poche en prime.

C'est un ours le frangin à Sophie. Je m'asseois dans son cabinet sur l'esti de papier ciré qui fait du bruit là. « Bon, on fait quoi là? » me dit-il en enfilant ses gants de latex... j'ai peur. Tout d'un coup qui veut venger sa sœur? « T'as la chienne hein? » Y veut pas me faire un examen complet là? Lui as tu vu la grosseur des mains??? Il me regarde la patente avec préoccupation, voire de l'angoisse ! « Oh boy, c'est pas beau ça! On va être obligé de la couper »...BANG!

Je me réveille, les pattes en l'air avec une débarbouillette d'eau froide sur le front. Chu tombé dans les pommes. De toute évidence, le frère de Sophie est un peu gêné de sa mauvaise blague et me rassure aussitôt. « Brulûre au deuxième degré... tu pourras pas te mettre pendant au moins trois semaines. Ça va t'éviter de faire de la peine à du monde. L'infirmière va te faire ton pansement...trou de cul ». Bon, Léo Labine est sauvé, c'est ce qui compte...WOW!!!!! Je savais pas que Pamela Anderson avait une sœur! Oh non! C'est pas elle qui va faire mon... L'ours me regarde en riant...beau cadeau de grec crisse!

-  « Bonjour toé » me dit elle avec un accent qu'on entendait qu'au défunt Palace sur Pierre-Bertrand. « J'men va te mettre UNE onguent APAISANTE pis je vais te faire une tite catin avec de la GÂOUZE ». Osti qu'est belle... J'ai peur de... Je m'allonge et elle me dézippe... Elle met son onguent dans sa main et là je ferme les yeux. Faut pas que... Faut pas que... Je pense à... Pauline Marois, Claudette Carbonneau, Jacques Languirand en bikini.... ouf! Elle a fini et je me suis contrôlé... oui mais... tout d'un coup que chu rendu impotent? Osti j'angoisse. En tk, je verrai dans trois semaines... Je veux aller me coucher là.

Me revoilà dans l'urgence. Tout le monde me regarde et chuchotte. -  « Dan Louis! Dan Louis! Ça va? » Bon c'est Spock pis Pimprenelle! Y m'ont suivi!!! « Dan, as tu besoin d'aide? Tu as notre soutient et l'appui de toute notre communauté Facebook 'Gaya La Divine' » Heye là, c'est pas la secte sur laquelle enquêtait Pense Bonne ça? Je vais sur la page via mon Iphone... 'L'auteur Daniel L. Moisan gravement brûlé au p...' Ah ben Tabarnak! Pense Bonne a cliqué 'J'aime'... c'est chien. Je les remercie et rentre chez moi.

Chu un peu déprimé. J'ai Bobinette momifiée dans mes culottes pis je veux plus rien savoir. Ça sonne à la porte. J'ouvre. - « Bonjour Monsieur! Voudriez vous nous encourager SVP... c'est pour la Loto-POMPIER...»

À plus!

Le Chien Perdu


jeudi 9 février 2012

If I only had a...and a...and a...


Je maraude dans la sombre forêt... Je me faufile à travers les hautes fougères et me cache, d'un arbre à l'autre, pour être bien à l'abri des gens qui utilisent cette route sinueuse, recouverte de briques jaunes. J'entends chanter...une voix de femme...je l'aperçois! Une brunette avec des tresses, portant un baby doll à carreaux bleu et blanc avec des bottes de salope rouge métallique montant à la mi cuisse... Wow!
Elle traine avec elle un chiwawa dans une sacoche Prada.

Je sors de ma cachette et arrive face à face avec elle. Son regard m'intimide mais elle me sourit. Nous sommes seuls et tout peut se produire. Est 'chick' comme ça a pas d'allure...tsé quand tu regardes la fille pis tu dis je le ferais là, là, drette là tsé? C'est ça qui se passe. L'eau me perle sur le front. J'arrive à peine à parler et je suis d'une telle froideur avec elle! « Heye toé là bebé, heu... y'é quelle heure? » Elle me regarde déçue, elle qui croyait avoir trouvé son compagnon de route, celui qui la sauverait de tous les périls. Elle a droit à du morron de classe mondiale à place. Je suis incapable de m'exprimer correctement...chu jammé viarge!

Soudain un bruit assourdissant nous envahit! C'est la vilaine sorcière de l'Ouest qui arrive à cheval sur son balai. Sa peau est verte pis elle a un 'suit' de cuir noir avec des studs de métal...à part la couleur, on dirait Anne-Marie Losique... J'ai peur! « Protège moi de cette meurtrière, épouvantail de métal avec une crinière de lion! » me dit ma fifi brindacier du X. Épouvan...quoi? La sorcière se met à rire pis à dit « Dorothée, reviens au bar! T'es liée par contrat avec ton pimp...sinon j'm'en va te tuer!!!!! HAHAHAHAHAHAHAHAHA! »

J'entends à peine la fin de sa phrase car je suis déjà bien loin. Je les ai laissées se chamailler et malgré les cris de torture qui résonnent dans la forêt, je continue à fuir, ne pensant qu'à moi. Ça fait pas mal Magicien D'Oz ce rêve-là, me dis-je au deuxième étage de mon subconscient. Rendu à bonne distance, je me blottis, en position fétale, dans le creux d'un arbre et j'attends. Il y a une lumière rose qui grossit et qui s'en vient vers moi. Elle est rassurante. C'est Stella, la bonne sorcière du nord. - « Daniel, bienvenue dans l'univers d'Oz! » J'avais compris là mais je suis qui au juste là-dedans? « Tu es à la fois le lion, l'homme de métal et l'épouvantail...donc t'as pas de couilles, pas de cœur pis pas de cervelle! » - « Mais comment m'en sortir Stella? » - « Tu devras affronter tes peurs, ouvrir tes sentiments et , dans la mesure du possible pour un homme, faire preuve d'intelligence... » Je sens qu'une tâche colossale m'attend et je suis désemparé. J'entends des rires...c'est des mini 'pense bonne' en lutins chimpmunks qui chantent avec une voix en 78 tours. Elle me lancent des cailloux. - « Pas de couilles! Pas de cœur! Pas de tête!.... » Aaaaaaaaaaaahhhhhhhhhh!!!!!!!!!!

La qualité de mon sommeil commence royalement à me préoccuper...Déjà que Baklava me joue le grand jeu à toutes les nuits, que mon clébard file pas depuis sa rencontre avec Gisèle et que j'oublie tout le temps de mettre le son à Off sur mon cellulaire pis je reçois à répétition des invitations pour aller voir des shows en Angleterre via Facebook, décalage horaire oblige... chu fatigué là. Pis mon oreiller de corps que j'ai surnommé 'Pitoune' (parce que ça a l'air d'une pitoune naviguant sur le Saint-Maurice), n'offre qu'un réconfort de survie, i.e. me donner l'impression que chu à moitié en couple quand je suis à moitié endormi... LOL!

Un éminent psychologue m'a déjà dit que dans la vie, il faut soit accepter une situation ou bien agir pour la changer. On peut pas rester entre les deux car c'est là qu'on va déprimer. De toute évidence, ce célibat poche ne correspond pas à ma nature de family man mais d'un autre côté, je ne fais rien pour m'en sortir autre que de draguer pochement les femmes qui me sont présentées. Est-ce que je réactive ma fiche réseauchosebine.com pour la 30e fois? Ah pis envoye donc!!!

Me voilà reparti! Je me lève sous le regard toujours aussi soumis de mon grand Ali qui me suit partout où je vais. Je me tiens en boxers devant mon grand miroir, je pose et...........................ouf!!!!!! Je ne suis plus devant le miroir...esti y'a des limites à se rentrer le ventre et à arrêter de respirer!

Je suis devant l'ordi et je pense à mon rêve. Chu vraiment timide. Je les aborde du bout des lèvres et souvent, sans même que ça aille nulle part, je retire mes billes...J'ai comme peur de me faire revirer de bord...j'ai pourtant pas toujours été comme ça! Mais où sont mes couilles crisse??? On dirait que je m'ouvre plus non plus. Si je sens que ça devient le moindrement engageant, mon cœur se change en pierre...faut dire que j'ai quand même donné pas mal! Pis, je peux tu être capable d'aller au-delà de son apparence? Pourrais-je faire preuve d'intelligence? Une belle princesse qui nous fait bander solide mais qui regarde 'La Poule Aux Oeufs d'Or'...ça se peut tu Dan que t'as fait le tour de ce côté? Oui mais une belle nounoune, c'est tellement pas compliqué. J'en ai eu des névrosées intello fuckées...c'est vraiment pas évident. Est où la balance? Ah osti pis mes cheveux! Je fais quoi avec? Je les coupe tu? Je peux pas. J'ai l'impression que je vais être comme Samson...pu de cheveux, pu de Mojo! C'est pas drôle, j'ai tellement la face collée dans le miroir que j'ai même demandé à une styliste de revoir mon look...pas de nouvelles d'elle...est peut-être découragée par la quantité de travail à faire LOL;-)

Mais en même temps, si je dois aimer la prochaine comme elle est, l'inverse devrait aussi s'appliquer, non? On est tu rendus assez morrons pour s'empêcher des années de bonheur parce qu'elle a 1 pouce de trop autour de la taille ou ben est-ce une discrimination inévitable, un passage obligé et essentiel pour laisser opérer les phéromones, un genre de tamis ultime et inconscient avant de se cuisiner mutuellement, un artéfact de l'animal que nous avons toujours été et dont on ne se débarassera jamais?

J'ai une idée! Je vais regarder les fiches sans photos. Oui mais d'un coup que je chatt des jours et des jours, que je tombe en amour et que, coup de théâtre, Sylvie est en réalité Léopold? Je serais vraiment en tabarnak. Ah pis parle moi pas de celles qui mettent une photo de 2004! Ou ben celles qui se disent 'poids proportionnel à ma grandeur'...c'est sûr que si c'est ta définition de 'aussi large que haut', on s'entend LOL.

Dan, laisse faire l'ordi. Vois du vrai monde et reprends toi en main!

À moins que j'aille à la Brûlerie St-Jean, y'a plein de filles avec leur portable au deuxième étage. Elles sont sûrement intello un peu pis loin des valeurs superficielles. Ok! J'y vais! Bon, je m'emmène quoi? Je fais semblant de travailler sur mon portable ou ben je joue la carte du bohème en ayant qu'un bouquin...Je prends un bouquin anglais?...ça impressionne toujours mais à condition que la fille soit pas trop péquisse...J'apporte les deux. Je mets mon manteau North Face ou bien mon manteau de bum en cuir? Le North Face...je vais avoir l'air d'un gars de plein air! Y disent toutes randonnées en raquettes et plein air sur réseauchosebine... À moins que je mette des raquettes sur mon rack à vélo sur le toit de l'auto? Ouin... tu vas un peu loin là...LOL

Je me stationne plus loin un peu, histoire de marcher suffisamment pour avoir l'air du grand marcheur aux pommettes rosées...ouin mais en même temps, je veux pas avoir l'air du gars qui a pas de char...la simplicité volontaire, c'est un beau concept mais on sait jamais quand l'utiliser.

Rue St-Jean, je me replace la couette dans face en me regardant dans le rétroviseur. Je suis prêt! Watch Out!!!!!

À SUIVRE!

Le Chien Perdu

samedi 4 février 2012

Grumpy Old Men...La Suite ou ...Miracle Mart!


Là, la foire est pognée pis pas à peu près. Osti, pis c'est la journaliste que j'ai vue l'autre jour dans un 5 à 7, celle qui a ri de moi parce que je montrais des photos de mon chien à son amie au lieu de la draguer. Quand on était petits, on avait une expression : une 'pense bonne'! LOL. C'en est une pas pire elle... mais est quand même jolie. Je sais qu'il me reste environ 20 secondes de vie privée et après, c'est foutu. « T'es rendu que tu fais des miracles? Réussis tu à faire parler ton chien? » me dit-elle en se foutant carrément de ma gueule. Comment ça? Quels miracles? Là, y m'en manque un bout. - « De quoi tu parles esti? » -  « C'est lui! C'est lui! » crie une autre dame. Je la reconnais elle. À l'église, la petite grosse aux béquilles... Ah ben! À marche astheure! Oh non! Y pensent pas que...?

- « Il est grand le mystère de la foi... » chante en choeur le Cercle des Fermières de St-Romuald réuni devant moi et tout ça, juste en avant des caisses du IGA. Et puis les témoignages fusent de partout! -  « Il a guéri mon hocquet, mes brûlements d'estomac, mon troticolis...j'ai gagné un billet gratuit à la Mini. » Même 'pense bonne' est dépassée par les événements. Mon'oncle y me regarde pis je le trust pas pantoute. - « Mon Dieu, han han han! Veux tu ben me dire Dan? » Au moment où je le crois quasiment, la grébiche aux cheveux blanc-bleuets de l'autre jour à messe lui saute au cou. - « Merci de nous l'avoir emmené! C'est qui qui va avoir sa petite gâterie à soir? » lui dit-elle, presqu'en chaleurs. Ah ben Tabarnak! Y m'a vendu! Judas! Tout ça rien que pour te mettre crisse!

Pis pire encore, j'ai une barbe de 4 jours...avec les cheveux longs...y me manque juste une couronne d'épines calvaire... J'aurais donc dû écouter ma mère pis m'les faire couper. Justement, mon cellulaire sonne et c'est elle. -  « Allo maman? Chu un peu occupé là. »  - « Mon petit, chu tellement fière de toi. Tsé, artiste pis poche à l'école comme t'étais, on avait ben peur que tu fasses rien de bon dans vie...mais tu vois, le bon Dieu est là...les derniers seront les premiers!... » - « Maman, je te laisse pis j'toublie pas pour ton ampoule dans le frigo...oui, c'est ça, demain...non! Je bénirai pas de l'eau...pis le souper non plus...non! Juste nous autres, pas tes voisins...pas le curé non!...svp maman! Bon ben Ciao, je t'aime! »

'Pense bonne' est toujours là, pis mon ami Jeff le caméraman, mort de rire, vient d'appuyer sur « Record ». - « Monsieur Moisan, madame Irma Laberge... » - « C'est moi! C'est moi! » de dire la principale intéressée en me serrant dans ses bras. - « ...Madame Laberge affirme que vous l'avez guérie de sa blessure à la jambe qui la tenaillait depuis cinq ans. Suite à votre sermont lors d'un service, elle s'est remise à marcher normalement...est-ce votre premier miracle? » Je la regarde et je prends sur moi. - « Pas de commentaires » lui dis-je sèchement. Elle me regarde en crisse. Je m'approche de son oreille et lui chuchotte « Ma belle 'pense bonne', si par contre, tu veux des photos de mon chien, je t'en enverrai par Internet ». Elle ne le prend pas pantoute... Je regarde maintenant mon oncle et il sait très bien qu'y va se caller un taxi pour ramener son épicerie. Je quitte sous les applaudissements et les flashes des caméras. Y manque rien qu'un âne pis des rameaux cimonac!

Comme si c'était pas assez, de la minute que je mets le pied dehors, les nuages font place au soleil. Tout le monde qui me suit fait « Haaaaaaaaaaa! Le soleil danse! Fatima! Lourdes! Medjugurie!...Saint Romuald!!!!!!». Ah ben! Si c'est pas mon motté de curé bilingue qui s'approche... -  « Bonjour Daniel! Je vois que, comme votre homonyme biblique, aucune fosse aux lions ne vous effraie...ainsi soit-il! Accepteriez vous de jouer le Christ dans le cadre de notre chemin de croix à Pâques? En passant, votre chanson...  « Rabbit » là, hé bien, elle joue à tous les jours à l'office et même Radio Galilée en veut une copie... » Mais c'est des malades! Cette chanson fait l'éloge d'un courailleux de jupons à la morale douteuse...Je ne réponds pas et j'entre illico dans mon véhicule. Là, à cause de 'pense bonne', y'ont ma face pis mon nom...esti que ça va mal.

J'arrive chez moi mais je passe tout droit. Y'a 50 personnes et trois caméras de télé. Pis je vois tu pas mon chat Baklava qui pose en playboy dans la bay window pis j'imagine qu'Ali doit japper à s'époumonner. Direction Est, je passe devant l'ancien Externat Saint-Jean Berchmans, là où j'ai étudié au primaire chez les sœurs du Bon Pasteur. J'y ai appris l'art d'avoir peur de Dieu et aussi de comment me sentir coupable quand ça va bien. Dans ce temps-là, je croyais que la foi pouvait déplacer les montagnes...finalement, j'ai appris que c'est juste un promoteur immobilier qui peut faire ça. Mais y suis-je pour quelque chose dans cette guérison miraculeuse ou est-ce l'effet du hasard? Ça me ramène à des questions fondamentales auxquelles je n'ai pas envie de chercher les réponses. J'allume la radio... c'est l'émission « prisonnier d'opinion » et on parle de moi... - « Ce Moisan, pas plus tard qu'hier aurait fait une messe noire en essayant de sacrifier une bonne sur la table de cuisine d'une maison ancestrale...il parlerait même aux animaux semble-t-il. » Je savais donc qu'on aurait dû fermer les rideaux...Osti de radio poubelle de Québec! Y'ont raison le monde de Montréal à notre sujet mais y sont pas mieux avec leur radio nids de poule...

Je vais me réfugier au Pub St-Alexandre, au troisième étage, dans le Confessionnal. C'est là que j'écris mes bouquins quand je suis à Québec, créant la plupart du temps ma prose aux USA. Finalement, avec tout ce qui arrive, je devrais peut être songer à aller vivre chez l'Oncle Sam de façon permanente. Mais quand je suis ici au pub, je me sens ailleurs. L'odeur des fish and chips me rappelle mes tournées en Angleterre. Le cachet ancestral du bâtiment me déplace aussi dans le temps. Pour certains, c'est le yoga ou la méditation...moi c'est une bonne Newcastle frette en ce lieu sacré pour retrouver mon équilibre;-)

Je regarde mon cellulaire...déjà 10 messages. Je les écoute : « Monsieur Moisan, c'est la GRC ici. Nous aimerions vous poser quelques questions... » BIP -  « M. Moisan, je m'appelle Cynthia. C'est un de vos amis qui m'a donné votre téléphone. Je suis incapable d'avoir un orgasme alors ché pas si vous pourriez pas me... » BIP - « Bonjour Daniel! Ici Cyprien, l'archevêque avec la Bible sur son Ipad. Ma tablette est justement boguée...Accepteriez-vous de... » BIP -  « Bonjour, ici, c'est la recherchiste de Tout le Monde en Parle... » BIP - « Allo Dan! C'est Gisèle! Haaaaa! J'en reviens pas! J'ai couché avec une vedette!!!! Embrasse Ali! Bye!» BIP - « Bonjour M. Moisan, c'est Star Académie ici...seriez vous en mesure de faire bien chanter Julie Snyder? On aurait une place pour vous au gala de dimanche... » BZZZZZ! Oh ça vibre! Sophie aimerait faire partie de vos amis Facebook... ah ben viarge!;-)!!! Là, j'ai la toune de Culture Club dans tête...  « It's a miracle, it's a miracle! » BIP « M. Moisan, ici Revenu Québec. Nous aimerions savoir combien vous avez été payé pour ce miracle... » BIP!

Je vais enfin revoir Sophie. Je bois ma Newcastle et je me dis que c'est sûrement Stella qui m'a organisé ça. Je trippe! Je vais assumer ma fausse célébrité le temps de me booker une « date » avec ma convoitée pis après, ben on verra. Par contre, j'aurais jamais dû dire à un journaliste cet automne à quel endroit j'écrivais mes bouquins...crisse, sont tous rendus ici pis y montent les marches. Comment bien parler pour continuer à épater Sophie? Je me lève et j'affiche un calme olympien. Je vais jouer la carte de la modestie...ouin, c'est ça ! 'Pense bonne' est là et elle me pose la première question. - « M. Moisan, comptez vous poursuivre madame Laberge? » Quoi????  « Cette fraudeuse en manque d'attention vient de se faire prendre par la CSST. Votre « miracle » coincidait justement avec la fin de ses prestations d'invalidité. » Je suis bouche bée... - « Heu, pas de commentaires... » lui dis-je... Face à ce non lieu, les vautours partent aussi vite qu'ils sont arrivés. Je ne suis plus d'aucun intérêt pis ça fait un peu mon affaire...j'aurais bien aimé par contre, vendre les droits de mon histoire à HBO genre.;-)

Y'a 'pense bonne' qui est restée. Elle me regarde avec ses beaux yeux bleus clairs. J'me dis que peut-être bien que... Elle s'approche félinement-j'aime ça- et me chuchotte à l'oreille -  « Je m'étais dit aussi que t'avais rien d'un Jésus...t'es peut-être plus un trou de cul je dirais...console toi en te disant que les deux mots riment au moins!.. ton parfum par contre, y sent bon...mais ça, tu y est pour rien...Ciao pauvre mec...pis va donc promener ton chien...ça fera sûrement des belles photos! »

Je me dis que finalement que, peut-être que, hum... ah pis d'la marde crisse! Je suis échec et mat. Est pas mal bonne 'pense bonne' à la fin du compte...LOL

Qu'à cela ne tienne, j'ai Sophie! Ah ben regarde donc... demande d'amitié anulée...

Bon...

-  « Mahée! Une autre...heu, deux autres bières svp! »

À plus!

Le Chien Perdu


jeudi 2 février 2012

Grumpy Old Men


Je monte la côte toute verdoyante qui mène en haut de ce roc, surplombant la mer à perte de vue. C'est le soleil qui se couche et le ciel a mis son beau manteau rose-orangé pour l'accueillir. Je rêve, je le sais. Je connais cet endroit car c'est là que j'ai vu mon ami Dan pour la toute dernière fois. Quand des proches meurent, c'est bizarre, je rêve à eux une seule fois et après c'est fini. Plus de nouvelles. C'est quand même fin de leur part de payer une ultime visite à mon subconscient avant de partir pour de bon;-)

Elle se tient en haut de la montagne, d'une blanche robe vêtue...Stella a toujours le même air. « Je savais bien que tu finirais par te taper ma bonne, petit pervers » me lance-t-elle, tournant son regard dans ma direction. « Vous auriez pu au moins faire attention! Cette table de cuisine valait très cher...une antiquité de 200 ans... » Bon, ça a joué dur un peu, j'en conviens...mais maudit, ni Gisèle ni moi n'étions capables d'aller dans une des chambres à coucher dont les commodes et les murs étaient décorés de vieilles photos de Stella et de John D. Price. La table qui semblait pourtant solide, nous a remis sa démission au moment ultime...de toute beauté ou comment passer de « L'Amant de Lady Chaterley » à « Benny Hill » en un instant. Dans la panique, j'ai maladroitement réparé le tout avec une perceuse pis des vieilles vis à gyproc qui traînaient dans un tout aussi vieil atelier situé dans une cave au sol terreux. Morte de peur dans ce sombre endroit, Gisèle m'a sauté au cou pis...ben on a remis ça! Disons que l'établi est plus solide un peu...

- « Merci pour tout Stella, ça m'a vraiment beaucoup apporté de te connaître et je m'excuse encore pour la table... » lui dis-je, la gorge nouée par ces adieux auxquels on ne s'habitue pas, même dans les rêves. - « Comment ça, adieu? Je m'en vais pas! Je peux pas te laisser seul, pas tout de suite...t'es encore trop con! Si je pars, tu vas finir vieux garçon! Je n'aurai de repos tant que tu n'auras pas trouvé la perle rare ». Je regarde au sol... « Je le sais que tu penses à Sophie, jeune blanc bec. Dis toi ben que t'as des croûtes à manger avant de la reconquérir. Bon, je file...je me suis fait un amant dans les limbes LOL! À Bientôt!» me dit-elle en s'envolant au loin.

Mon visage est collé sur mon épaule qui, elle, est encore imprégnée du parfum de Gisèle qui n'a pas dormi ici. « Trop dur de revoir Ali avant mon départ» m'a-t-elle expliqué. Je peux finalement me compter chanceux qu'elle ait au moins mis la switch « animal » à off une petite heure... malgré que peut-être pas...je suis un chien perdu après tout;-) Elle m'a fait cadeau d'un souvenir : le chandail de son ex qui jouait pour les Foreurs de Val D'Or...what the fuck? Je lui ai promis en retour de lui envoyer chaque photo que j'ai du chien par courriel. On se sent quand même bien le lendemain d'une partie de jambes en l'air. La confiance est revenue pis tsé... on préfère se dire qu'on l'a fait en 2012 en janvier plutôt qu'en décembre, n'est-ce pas? LOL!

Le téléphone sonne. « Daniel, c'est mon'oncle! Écoute, chu un peu mal à l'aise de te demander ça mais viendrais tu m'aider à faire l'épicerie? J'ai glissé hier au cimetière pis je vais avoir du trouble à transporter mes sacs ». - « Ben correct mon'oncle, je vais être là dans une heure ». Hop! J'avale une toast, prends une douche et me voilà assis dans ma voiture. Je n'ai même pas eu le temps de regarder le journal...qui titrait : Étrange miracle à Saint-Romuald...

Je suis efficace en crisse, me v'la avec 30 minutes d'avance chez mon'oncle. Je me sens vraiment bien car le mâle en moi est repu! Je suis en mode performance! Comme quoi des fois, c'est à croire que le moral nous pend au bout de la...;-) « Pressons nous pas Dan, on a tout le temps » me dit-il. - « mais pas moi donc si ça te dérange pas, on part OK? » Il semble un peu contrarié mais il accepte. Nous voilà rendus au IGA, une de ces belles nouvelles méga épiceries où l'on peut pratiquement magasiner sa télé au plasma pis ses meubles de patio... J'ai toujours dit que l'économie s'était mise à mal aller la journée où Jean Coutu s'est mis à vendre du Ketchup... pis pour les punir, le bon Dieu a inventé les pharmacies dans les Wal-Mart LOL!

On choisit un panier pis y'a l'air pas mal nerveux. Ça doit être la débarque qu'il a pogné...j'avoue que de se retrouver à l'horizontale dans un cimetière, ça doit traumatiser un peu, surtout à 85 ans. « Pis toi mon'oncle, toujours célibataire? » - « Ouin... C'est dur mon Dan. Elles veulent que je les sorte au restaurant pis au cinéma mais pas question de me laisser aller en dessous leur jupon viarge! Dis toi une chose le jeune, le grand problème dans le monde, c'est que nous les hommes, on se tannera jamais du cul pis les femmes, elles, elles se tanneront jamais de l'argent. Y'a pas d'issue le kid » me dit-il en mettant sa dixième boîte de Kraft Dinner dans son panier. « Calisse, y'a pus de All-Bran! La semaine va être toffe! » - « Ça veut dire qu'à ton âge mon'oncle, ça lève encore? » - « Tu dis toi! C'est pas mêlant, quand chu debout, je peux quasiment m'accoter dessus pour me reposer le dos (rires)... Mais toi, kossé tu crisse tout seul? T'es encore pas pire pis maudit chanceux, t'as des cheveux esti! » je souris... « Faut dire que votre jeune génération, ça a l'air pas mal plus mélangé que nous autres. Les couples étaient plus stables dans mon temps mais fais toi en pas, c'est pas parce qu'on s'aimait plus que vous autres. On avait juste peur d'aller en enfer, de plus voir nos enfants ou ben de payer une esti de pension. Faque on endurait pis quand on en avait assez, ben on se pognait la secrétaire pis rien changeait à maison. Astheure, toi le jeune, avec les femmes qui travaillent, t'as autant de chances de te retrouver cocu qu'elles. Pis toi, y te crisseront pas là à cause de leur libido mais bien parce que tu fera plus leur affaire...elles ne t'admireront plus... J'aimerais pas ça être à ta place... » me dit-il en mettant une boîte de biscuits Village dans le chariot... Voyons! Ça existe encore ça des biscuits Village???

Je vois bien que mon'oncle, y file pas tout seul. Je le regarde et je me vois, vieux grincheux comme lui dans quelques années, la barbe mal faite parce qu'on voit plus clair, le chou-fleur qui pousse dans les oreilles pis dans le nez...pis quand y sent pas la transpiration du gars qui s'est pas lavé depuis une semaine, c'est l'Antiphlogistine mélangé avec son Aqua Velva qui deviennent sa signature olfactive. Ça me rappelle, quand je me suis ramassé tout seul l'été passé, l'oncle d'un de mes amis m'a dit pour m'encourager : « Maudit chanceux, te voilà libre! Ta véritable existence commence! Dis toi que ce sont juste les cinq premières années les pires, après, ça va super bien... » C'est exactement là que je me suis mis à angoisser. Est-ce que le Bowling, les promenades, jouer aux cartes, une revue de cul esti pis Canal D peuvent vraiment remplacer une femme? Je regarde autour pis des vieux grincheux, y'en a plein. Veufs, abandonnés ou ben laittes à mort. Ils ont tous une histoire et des blessures mais un gars, ça se plaint pas. Ça va manger son TV Dinner devant la télé, dans une maison en désordre où le téléphone servira uniquement pour se caller de la pizza, du St-Hubert ou ben pour appeler l'ambulance si ça file pas.

Mais j'y dit pas tout à mon'oncle. Si y savait que la plupart du temps, en couple, c'est moi qui fait à manger. Si y savait que j'ai les larmes aux yeux quand je laisse mes petits pour le weekend. Si y savait qu'y'a pas juste dans face que je me rase crisse... Je sais qu'il aime pas Ricardo ou ben Joselito Michaud. Pour lui, un gars qui va sur le terrain des émotions et de la sensibilité, y peut juste être aux hommes ou ben capituler devant les femmes... « Heye Dan, j'ai entendu dire qu'y'a des gars se rasent ailleurs que dans face...des Métrosexuels qu'y disent... » - « ah ouin? Je, je … ben je sais pas là... » Ouf! me voilà sauvé par les cornichons en spécial...là-dessus mon oncle pis moi, on a pas de conflit générationnel. Moi, c'est pas mêlant, quand j'arrive dans l'allée des pickles, c'est incontrôlable, je salive esti! Mon'oncle en prend 3 pots... Ça me fait penser, au Fou Bar sur St-Jean, y servent un shooter de vodka avec un cornichon...ou ben à l'Archibald dans le temps, y servaient des cornichons panés et frits...une recette de Boston semble-t-il.

On arrive à la file pour la caisse. Je vois mon'oncle sortir ses coupons soigneusement découpés le dimanche précédent...pour un vieux garçon, le publi-sac, c'est un événement dans la semaine... Je vois le camion des nouvelles dans le stationnement...c'est Jeff le caméraman. Si y'est encore là à ma sortie de l'épicerie, j'va aller y donner une bine...ça fait longtemps qu'on est pas sortis...

Je sais pas ce qui se passe, mais je me sens épié. Une main saisit mon bras. Je me retourne et j'ai droit au regard transperçant d'une vieille dame qui hurle soudainement « Alleluïaaaaaaaaaaaaaaa! » Là, tout le monde me regarde sauf mon oncle qui lui, regarde à terre. Y'a tu honte ou ben y'a de quoi à se reprocher crisse? La caméra rentre dans l'épicerie pis à s'en vient vers moi... c'est quoi l'affaire crisse??????

À suivre...

Le Chien Perdu