lundi 24 décembre 2012

Scrooge 2.0


Me voilà, déambulant dans la City, cette magnifique Londres dont je ne me tannerai jamais je crois. À chaque fois, c'est le pélerinage. Picadilly Circus, Big Ben, Oxford Street, Tower Bridge sont à l'itinéraire. Ah oui, j'aperçois une immense affiche annonçant le Winter Fest, à côté de laquelle passent deux joggers en shorts et en t-shirts. L'hiver n'est pas crédible ici...

Une fine pluie tombe sur moi et j'ai pas de parapluie. Qu'à cela ne tienne, bien des gens n'en ont pas ici. La pluie fait partie de leur lot quotidien. Mon cœur est encore orphelin. Malgré la dizaine de condoms que j'ai apportés pour m'encourager, je ferai comme d'habitude, c'est-à-dire, rien!

Il fait noir très tôt ici l'hiver. 4 heures moins quart et la ville s'illumine. Je vais m'engloutir au Porter House, un pub bondé de gens dans le quartier Charing Cross. 3 étages de buveurs en cravate et de pitounes sur leur 36. La bière y est bonne. Je suis seul, attablé au fond du bar et je file pas. Les bières s'accumulent et je me dis « Fuck l'amour esti! Chu ben en crisse tout seul »...

Soudain, j'aperçois devant moi une écolière d'au plus 7 ans. Elle a son sac à dos et tient une bière dans sa main... « Je peux m'asseoir? » me dit-elle dans un québécois impeccable. - « Tes parents sont avec toi? T'as pas le droit d'être ici tu sais et encore moins de boire de l'alcool » - « Je ne suis pas vraiment ici le smatte. Je suis le fantôme de tes amours passées pis le grand boss trouvait qu'en me donnant cette allure, ça ferait plus concept tsé. En fait, j'ai environ 937 ans » Là, je fais le décompte de ce que j'ai bu pis j'me dis qu'y'a un problème. Kossé qu'y mettent dans leur bière cristie??? Je lève les yeux et elle est toujours là mais tabarnak! On est dehors dans une ruelle sombre. « Suis moi pis pose pas de questions! »

Elle ouvre une porte et... c'est ben éclairé ici? Il fait soleil... en fait, le soleil se couche et le ciel est rose-orangé. Je suis à Québec et je m'aperçois tout jeune. J'ai 7 ans et je parle avec la nouvelle arrivée dans le quartier, Claudia, une orpheline qui a été adoptée... Elle est magnifique sur son vélo Mustang avec un banc banane. J'ai que 7 ans mais je suis en amour pour vrai! Elle repart chez elle et me voilà entrain de chanter tout en me balançant après le poteau entre les deux terrains chez mes parents. Il se met soudainement à neiger et j'ai 9 ans. On est en février et me voilà au pas de la porte chez Hélène, ma voisine d'en arrière. Je dépose une carte de St-Valentin, je sonne et je file en courant. J'entre en vitesse à la maison et j'attends patiemment le téléphone de ma douce, toute heureuse de son présent... Je l'ai aimée jusqu'à tard dans la vie Hélène. « Vois tu comme c'est beau? » me dit Fantômette. - « Voyons! J'étais qu'un enfant. C'est naïf un enfant » -  « Suis moi, idiot... »

J'ai 11 ans et je me retrouve au terrain de balle de St-Mathieu, le fameux « Backstop » comme on l'appelait. Je suis à l'écart avec Kim. Si John Lennon avait pas enregistré la toune « Woman », j'en serais pas là. Kim et moi, on a dansé ce slow ensemble 100 fois dans toutes les discos organisés dans les sous-sol de la paroisse. On fermait les lumières au grand dam de nos parents pis on dansait collés. -  « Je t'aime Kim! » Ouf! C'est la première fois que j'ose dire ça à une fille pis je le pense tellement. - « Moi aussi Daniel... mais juste en amis » BANG!!!!!!! Comme dirait Rod Stewart, « The first cut is the deepest », me voilà, la mine déconfite, rejeté pour la première fois. Après, ça n'a plus jamais été pareil.

Mon premier french chez Nathalie, après la messe de 9h 30. Lennon avait cédé le pas à Air Supply. Elle avait des broches. Je trippais pas mais elle était plus vieille que moi donc elle était willing à frencher.

Ou bien à partir de secondaire deux, la belle Catherine qui était dans le bus scolaire. J'avais pourtant bien préparé ma déclaration d'amour toute l'année durant. Lui ai-je même dit « salut » la dernière journée des classes? Ben non. Je l'ai regardée s'engouffrer dans l'été à chaque fois et ce jusqu'à la fin de mon secondaire. Elle n'a jamais su rien de rien... Un soir, à une disco organisée par l'école, elle me parle et, fouille moé, elle me french! Chu tellement énervé que le mal de cœur me pogne. Je vais prendre l'air 10 minutes et à mon retour, elle est dans les bras d'un autre... calisse!

Ma voix change tout d'un coup! Je suis dans un sous-sol de Cap-Rouge et j'ai 16 ans. On se tient avec des sœurs jumelles. Évidemment, je sors avec les deux... mais une après l'autre là! Elles ont 18 ans et elles m'intimident. Finalement, fin mars, celle avec qui ça a marché me dompe au téléphone. Je me vois pleurer comme une chochotte dans ma chambre. Je revis le rejet de Kim et à chaque fois, je ressens cette frustration face à l'impossible, cette absence de Mojo qui m'a été volé à mes débuts.

Mais qu'à cela ne tienne, je continue. À moins d'être saoul, jamais je ne ferai de premiers pas envers qui que ce soit et si j'avais pas ce petit crisse de baby face et ce pseudo air cool, c'est le monastère qui m'attendrait. Je laisse filer des bateaux par gêne et par peur... Catherine, Annick, Marie-Chantal, Nadine. Je préfère soit des pitounes insignifiantes et capricieuses ou ben des « girl next door » déjà acquises que je n'aurai pas à courtiser.

Ce voyage dans le passé m'écoeure. « Tu cherches à me prouver quoi calisse? Qu'en amour, chu un raté? C'est ça? »

- « Les remords et les regrets ne sont que la semence pour un meilleur arbre » me dit-elle en s'effaçant tout en me faisant un tata de duchesse.

Je suis sur le bord de la Tamise et Londres brille de tous ses feux. J'aperçois le dôme de la Cathédrale St-Paul. On dirait le Capitole à Washington. Comme quoi lieux de culte et de pouvoir sont souvent bonnet blanc, blanc bonnet. Une voix me tire de ma réflexion politico-inutile. - « Vous avez un peu de monnaie? » Une mendiante d'au moins 300 livres se tient, titubante devant moi. Maudite monnaie Anglaise! Croyant lui avoir donné du petit change, la voilà toute souriante, me remerciant de lui avoir offert 8 livres sterling! Pas grave, elle en a plus besoin que moi. « Mais que ferais tu s'il s'agissait de tout l'argent qu'il te reste? » Coudonc, à lit tu dans mes pensées elle? Heye! Ché pas son truc là mais ses yeux sont verts fluo! « Je suis le fantôme de tes amours présentes! Je suis les grains du sabliers qui filent comme le vent, celui qu'on ne ressent qu'un instant mais qui, selon ce que tu en feras, propulsera ou coûlera ton voilier »

Me voilà dans un écran d'ordi. Je me promène à travers les les lettres qui forment des mots qui eux forment des phrases. Des belles photos de filles à côté des mots... - « Tu fais de la musique? Tu dois te pogner toutes les filles que tu veux. Désolée, moi je cherche un gars stable » Calisse! On me l'a fait 100 fois celle-là! Mais c'est pas mieux l'autre, qui après 2 semaines de fréquentations m'avait trouvé une job à 80 000$ en me disant qu'il serait temps que je vieillisse... En plus de toutes celles qui n'aiment pas les cheveux longs... Voilà la photo de Stéphanie. Elle, je l'ai connue dans un 5 à 7. J'ai eu le coup de foudre instantanné. Malgré que je l'ai revue, j'ai jamais osé faire quoi que ce soit. J'ai toujours soupçonné qu'elle cherchait un gars à cash... le temps a passé et c'est ce qu'elle a trouvé. Je l'aurais bien embrassée au moins une fois par contre... Je vois la fiche de Sophie (épisode Réseau Cons Tartes). Je clique sur sa photo et me voilà chez elle. Elle cuisine ses petits biscuits de Noël et a tout pavoisé son 3 et demi mais avec goût. Sur son ordinateur, c'est mon profil Facebook à l'écran. Ben voyons, elle m'avait pas bloqué elle? Ah OK, elle s'est prise une autre identité... tsé la fille aux gros seins de Lévis que j'ai acceptée y'a 6 mois... c'est Sophie! Elle arpente machinalement toutes mes photos mais se garde bien de cliquer « J'aime » sur quoi que ce soit.

Elle vient de raccrocher le téléphone. Après avoir refusé 30 invitations à souper de Pierre, son collègue au bureau, la voilà qui vient d'accepter un premier rendez-vous avec ce dernier. Elle regarde ma fiche Facebook et clique « Retirer de la liste d'amis ». Elle ferme son portable et tout devient noir.

- « Là, chu foutu mur à mur! » dis-je à la grosse fluo. - « Il n'y a que dans le passé qu'on est foutu et il n'y a que le présent qui peut forger le passé » me dit-elle en quittant les lieux.

Je me retrouve dans le quartier Soho et j'entends un beat de musique dance. C'est un pub appelé « Bar to the future » et j'y aperçois le joli minois d'une blondinette aux yeux bleus de Québec que je trouve formidable mais qui fait partie de ma liste des « tu le sauras jamais ». Elle me fait signe d'entrer. J'arrive à l'intérieur et je suis effectivement à Québec! Chu au Beaugarte Calisse! On me pogne le cul... je me retourne. Crisse! Un gars de Village People! « Allo mon coco! Je suis le fantôme de tes amours futures hi hi hi! » - « Ah ben toé mon tabarnak! » Au moment ou je m'enligne pour y crisser mon poing s'à gueule, je m'aperçois... j'ai les cheveux blancs! Kossé ça Crisse? Je bois de la crème de menthe???? Un crisse de dindon qui spotte les pitounes qui dansent. On est le 23 décembre et mes enfants sont à l'extérieur du pays pour leurs études. De toute évidence, j'ai personne dans ma vie. J'ai l'air d'un gros con amnésique qui attend toujours un train qui est passé depuis 20 ans. Une madame pas laitte me dévisage, je souris mais sans plus... d'un coup que j'hypothéquerais mon avenir... comme s'il m'en restait un:-( Elle est avec des gens d'un party de bureau qui sortent en rigolant... mais c'est... C'est Sophie! Son regard s'immobilise et elle me reconnaît. Elle me sourit pathétiquement comme on sourirait à Don Quichotte. À son bras, le fameux Pierre qui a préféré s'occuper de la Sophie en vrai plutôt que de s'acoquinner avec la virtuelle Greta aux grosses boules de Lévis.

- « AAAhhhhhh! C'est Bad Romance de Lady Gaga » de dire le gai fantôme. « Viens danser! » Je refuse catégoriquement. Soudain, une horde de femmes en jaretelles déguisées en faucheuses me poussent sur la piste qui devient un avion dans lequel nous sommes tous assis et qui est secoué par d'intolérables turbulences. - « This is your Captain... You failed so we crash! » AAAAAhhhhhhhhhhh!

- « Ça va Dan? » Mes musiciens sont un peu inquiets. Affecté par le jetlag, je m'étais endormi quand ils sont allé chercher la bière. Ouf! J'ai tous mes morceaux. On entrechoque nos verres en se souhaitant la santé mais je ris jaune. Quel étrange rêve.

Une superbe anglaise se tient au bar. Elle me jette un regard mais se retourne aussitôt. Je la désire mais je reste ass... NON! Je me lève et me dirige dans sa direction... Elle sourit.

JOYEUX NOËL!

Le Chien Perdu


samedi 8 décembre 2012

La Diva


Je marche dans une grande pièce. C'est un musée. Le plancher de marbre italien glace littéralement mes pieds nus. Je les vois toutes, affichées sur les murs. Elles sont peintes par Gauguin. Isabelle, Julie, Marie, Valérie, m'observant avec ce regard qui hypnotise... mais la lueur au bout du couloir est plus intense. J'y arrive et j'aperçois la Vénus de Milo, entourée d'un périmètre de sécurité, vous savez, ces bandelettes jaunes avec écrit « Danger » en noir? L'attraction est trop forte. Je fais fi des avertissements et je tasse ce ruban, du moins, j'essaie. Mes pieds deviennent lourd et je ne peux plus... Fuck! J'ai plus de bras!!! Je suis pétrifié et devant moi, Vénus est libérée de son socle et, tiens donc, elle m'envoie la main! Elle part en courant et en éclatant de rire, suivie par mes ex, libérées de leur tableau. La lumière s'éteint, je tente de crier mais rien ne sort ni ne s'entend. J'ai l'impression d'être un citoyen de Pompéi, dont la détresse est assourdie par la lave qui le recouvre.

J'ouvre les yeux. Je suis détrempé. Je savais bien que c'était pas réel mais j'avais hâte que ça se termine. Est-ce que je rêve encore là? Car je suis au bureau... Non je ne rêve plus. Je suis vraiment au bureau. Le problème, c'est que Dan ne dort plus. La nuit est devenue mon ennemie. Mon lit est vide et je crois qu'il y a pire que la routine en couple : la routine seul. Ça va faire bientôt 2 ans que je n'ai pas eu de relation solide et sérieuse et Noël s'en vient. J'ai pas encore succombé à la télé donc j'essaie de m'occuper mais je sors beaucoup moins aussi, donc c'est le jour de la marmotte à toutes les esti de journées! J'ai mon carnet de tâches... faire sortir le chien, vider la litière, mettre mon statut Facebook à jour, sortir le chien, vider le lave-vaisselle, remplir le lave-vaisselle, vider la litière, passer la balayeuse... alouette!

Tous ces trucs n'étaient qu'accessoires pour moi avant. Je considérait ça comme le fait de transporter mon ampli ou de faire un test de son avant un show. C'était un mal nécessaire mais la récompense, c'était le spectacle. Là, une fois le travail accompli, y'a pas de show. Que des pièces vides où je ne sens que mon parfum. Je l'ai tu encore une fois l'osti de blues des fêtes? Tabarnak!

Mon téléphone sonne. C'est Angélique DuBruton, la journaliste culturelle de l'hebdo pédant Matuvu. Kossé qu'à veut elle, crisse? « Bonjour Dan! Ça va? » Voyons donc, calisse. Elle a jamais retourné un de mes foutus courriels qui annonçait mes shows depuis plus de 5 ans. « On organise une soirée où plusieurs gens des médias offriront une prestation musicale pour venir en aide à Centraide. J'ai vu que tu avais une chanson de Noël. J'aimerais en parler avec toi. Sacrilège à 20h ce soir? » - « Euh... oui! » lui dis-je, tel un lévrier qui répond illico au signal de départ sur la piste. On a beau les mépriser les scribes, ils ont tellement de pouvoir qu'on leur lèche les bottes, même si elles ont marché dans la bouse de vache.

Même si à m'énarve, est quand même roulée l'Angélique. Je la vois au fond du bar lisant probablement pour la 100e fois Georges Sand. Superficielle ou pas, sa formule marche. Elle a tous les gars à ses pieds. Moi, ça m'impressionne pas. Je résisterai toujours à ce genre de... - « Allo Dan » Osti! Je craque! Ses yeux bleu de mer avec des petites lunettes d'intello au bout d'un nez parfait. Assez fashion, assez grano, assez coquette... assez!!!!! Je prends sur moi. - « Ouais » Depuis quand je dis ouais moi? « Ça va? » - « Assieds toi à côté de moi, on s'entend pas parler ce soir » me dit-elle d'un ton plus aguichant que n'importe quelle pétasse qui annonce une ligne 1-976. Pis un ancien banc d'église, ça n'a aucune limite en ce qui concerne les rapprochements... chu loin de la litière à chat là!

« Écoute, je passerai pas par quatre chemins. J'ai décidée de me lancer dans la chanson. Je suis un genre Carla Bruni mais meilleure, tu vois? » Complexée la madame! « Et tu seras mon guitariste accompagnateur » me dit elle la main à ma mi-cuisse. « Tu vas aussi réaliser mon premier simple dans ton studio. Pis en échange, tu seras le dernier artiste à jouer à notre spécial de Noël qui sera, je te le rappelle, télévisé! Pis si t'es gentil, t'auras peut-être plus » Là est à 2 pouces de ma face. Osti qu'j'à frencherais!

Je sais pas pourquoi là, mais j'acquiesse calisse. Je le sais pourquoi... me faire m... ou s... en me faisant parler de Georges Sand, c'est ça qui m'intéresse... pis une prestation télé au fond, ça pourrait me donner un sérieux break.

Non non, chu pas dans une pièce de Ionesco, chu entrain de m'envoyer en l'air mais c'est tout comme... Y'a des limites à se la jouer là. Je n'ai jamais entendu un nombre aussi incroyable de « je » de « me » et de « moi ». «  Ah Dan, Ahh, ahh, brr ! Non, ça n’est pas ça ! Essayons encore, plus fort ! Ahh, ahh, brr ! Non, non, ce n’es pas ça, que c’est faible, comme cela manque de vigueur ! Je n’arrive pas à barrir. Je hurle seulement. Ahh, ahh, brr ! Les hurlements ne sont pas des barrissements!!! (Eugène Ionesco, Rhinocéros) » Vite le dernier acte ou ben calisse, une entracte mais de quoi esti!

On est assis dans le lit, un à côté de l'autre. Elle grille une clope. On se croirait dans un film tant y'a de miroirs dans sa chambre. « C'était bien. T'es quand même un peu cérébral pour un gars qui fait de la pop. C'est pas de ma faute si je m'impose, désolée, en fait, c'est quand je suis avec plus faible que moi. J'ai horreur du vide intellectuel » Osti! Le pire c'est qu'elle a raison la tabarnak. Des courbettes pour un cul racing, de la soumission pour quelqu'un qui apprend des choses par cœur, qui a la logique de l'air du temps ou des classiques mais rien d'auto-généré par elle. Elle ne fait que réflèter les autres. - « Je comprends, je t'ai trouvée super intense Angélique » Ah oui, je vous l'avais tu dit que Dan, c'est un con?

Nous voilà dans mon studio. Je sais, j'aurais pas dû acheter les sushis à 45$ mais bon, j'ai toujours rêvé de faire ça avec une journaliste culturelle là où je crée qu'elle voit à quel point je suis un pro... créateur LOL! - « Là, ça va pas du tout. L'air est sec ici. Ma gorge. Sais tu combien ça va valoir un jour cette voix? Allez, de l'eau, pas du robinet, en bouteille et européenne mais pas Evian, c'est ringard Evian » Je suis révolté mais je me sens tellement hot d'être avec elle. Bon, elle a fait croire à tous ses amis de Matuvu qu'elle était en weekend de ressourcement chez sa mère mais je me dis qu'un jour, elle osera peut-être s'afficher avec moi. Chu pathétique. Oui mais c'est Angélique DuBruton. C'est comme la fille à Québec qui avait trompé son chum et qui avait eu pour seule excuse qu'elle ne pouvait pas passer à côté de ce gars-là. C'était quand même Tony Twist des Nordiques...LOL! J'ai beau mépriser l'élite, on veut tous en faire partie à un moment donné. On est tous de sales putes.

Osti de chansonnette poche. L'instrumental est fait, le chant maintenant. « Loin de l'ocre des sanguines, mes mots ne font que dépérir, faisant fi des lézardines, ta longue corne me fait barrir » Kessé ça calvaire? Osti qu'à chante mal. Je vais être obligé de la convaincre de faire du rap, je pense. Mais là, je tombe dans le pattern du réalisateur qui lui dit à quel point elle est bonne... mais qui omet de mentionner que c'est ailleurs que dans le studio qu'elle l'est. « Ah Dan, faut que je prenne un break. Je suis trop intense là! Ça va reléguer ta guitare aux oubliettes » Heye là!!!!! « Prends moi pour décompresser » - « Tout ce que tu veux Angélique... »

C'est le jour du show. Bon, je sais, j'ai évidemment fourni les amplis pour tous les artistes, je pouvais pas dire non au moment où elle me les a demandés. WOW! Les caméras de TVA. C'est mon pote Luc qui filme. J'aperçois le programme de la soirée... je joue à... 2h du matin?!? Ouin... Ah pis TVA filme juste Angélique... Après, y décrissent... OK. Je la vois donner son entrevue. « Oui, Rhinos Eros, c'est ma création inspirée de Ionesco. J'ai tout fait, même l'enregistrement, la guitare et tout » Osti de mange marde! Elle comprend mon regard. Je tourne les talons avec mes amplis.

Je rentre chez moi et j'allume la télé pour la voir se planter la petite mégère. Ben non, à se plante pas. À fait du lipsync sur la toune que j'y ai faite gratos... ou presque. Elle m'envoie un texto : « T'es un lâcheur, tu sais pas ce que c'est un vrai projet professionnel! Pas de place pour les porteurs d'eau sous le projecteur, c'est simple non? Continue d'échouer espèce de créateur de POP infecte! Pis au lit, franchement, tu devrais peut-être envisager une carrière solo »

Me v'la baisé mur à mur.

J'ouvre le journal ce matin... Angélique Dubruton, récipiendaire de la bourse Carole Laure pour sa contribution exceptionnelle à métisser deux formes d'art... 75 000$

C'est assez là!


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