jeudi 26 janvier 2012

Service tout inclus!


À chaque fois que l'orgue finit de jouer à l'église, j'ai toujours la toune « Faith » de George Michael qui part dans ma tête. Allez l'écouter sur Youtube, vous allez comprendre. J'y vais plus souvent ces temps-ci à la messe...les gens vieillissent et comme dit si bien le dicton : « un service en attire un autre! ». Mes 10 dernières visites : 9 enterrements et un baptême. Aujourd'hui, c'est Stella qu'on porte à son dernier repos. Nous sommes 6 (curé et dépouille inclus) dans l'enceinte de la petite chapelle de Saint-Romuald, en bordure du fleuve, l'endroit où tout a commencé pour Stella Chamberland-Price.

Je regarde le plafond, le plancher, les bancs, les statues...c'est beau une vieille église! Je me rappelle avoir tenu le crucifix au bout de la tombe de ma grand-mère à son service ici...ça fait plus de trente ans. Je repense à elle et je m'ennuie. Je lui en ai voulu longtemps par contre de m'avoir fait si peur dans sa tombe. Le croque-mort l'avait arrangé d'une façon épouvantable...quel dernier souvenir poche! Ou mon pauvre oncle Charles-Eugène, malade et placé depuis des années qui était décédé accidentellement...tout au long de son service ici, le motté de curé l'avait appelé Charles-Édouard, Charles-Antoine ou ben Charles-Henri...calisse! Y'a tu moyen de se faire dire son nom su'l sens à son dernier show? Ça a l'air que non. Y'a pas juste à la boutique Apple ou ben chez Costco que t'as l'impression d'être un numéro. Le service impersonnalisé, c'est maintenant le standard partout...;-)!

Pis le curé y'est là qu'y dit « Ah, Stella, une femme courageuse qui n'avait pas peur de se retrousser les manches... » C'est pas mêlant on dirait qu'y lit des « cue cards » dans le cadre d'une interview complaisante à TVA ciboire! Regarde ben Joe Blo! T'à connaissait même pas faque laisse donc parler ceux qui l'ont côtoyée...pis arrête ton show de boucane...dans une heure, tu te rappelleras même plus de son nom LOL!

Je fais le vide et je pense à ma foi... Je pense donc à pas grand chose. J'ai perdu le fil y'a environ 5 ans, après une autre séparation. Je sais pas ce qui s'est passé, j'ai arrêté d'y parler au boss en haut. C'était cool d'avoir l'impression que quelqu'un veillait sur moi... peut être trop cool pour être vrai finalement. Mais en même temps, on le sait pas faque j'affirmerai rien avec certitude icitte aujourd'hui...pis demain non plus... Les dogmes, anyway, c'est pour les caves, qu'ils soient pour ou contre la foi.

Ça me fait rire parce qu'avant, on pouvait toujours dire que la vie après la mort était une supposition et un scénario rempli d'espoir donc assaisonné de pensée magique. Mais je crois que depuis plusieurs années, les services ont été déclassés par les mariages dans le domaine des utopies probables. La dernière noce où j'ai été, quand ils se sont promis fidélité et amour jusqu'à ce que la mort les sépare, j'ai pouffé de rire. Traitez moi de cynique si vous voulez, j'ai ri en crisse pareil! Mais jamais je ne leur aurais souhaité la fin.

J'ai toujours eu un problème avec ça moi la fin, que ce soit la vie ou bien l'amour...en vieillissant, ça passe de : scénario peu probable à scénario envisageable à scénario inévitable. Donc une anxiété plus profonde s'installe : d'ici cette fin, je fais quoi de ma vie?

Là je suis à côté de l'autel pis je tiens la patente à gosses avec de l'encens dedans...à chacun sa dope hein? Ça pue, osti qu'ça pue! J'ai de la boucane dans les yeux. M'a sentir le cawish batinse! La bonne elle, elle a le chaudron d'eau bénite qui contient le hochet à eau bénite et là, le curé le prend et le secoue vigoureusement pour asperger le cercueil, ça revole partout jusque sur elle... Dan! T'es à l'église... Dan, pense pas à ça...pas ici ! Come on !...trop tard, désolé, c'est fait...;-( Elle avait juste à se changer cibole! Est restée habillée en bonne...pis maudit qu'est belle! Stella, si t'es en haut, esti que tu dois me trouver con là!

Y'a mon oncle de 85 ans qui a décidé de venir. Il est de St-Romuald pis y la connaissait. Ça avait l'air pas clair l'histoire mais d'après moi, ces deux-là, y'ont déjà dansé le boogie woogie pas mal collés en 1945...Mon oncle, y check ça pas mal les funérailles. L'autre jour, aux obsèques d'un autre oncle, y m'a coupé la parole en me disant « bon y s'en vont le mettre dans le mausolée...je va aller voir ça...tu comprendras qu'à mon âge, c'est le genre de chose qui m'intéresse! »

« Chers frères, chère sœur, veuillez vous recueillir un moment sur une musique que Stella aimait beaucoup, une chanson qui lui inspirait la joie de vivre...une chanson de son petit Daniel » QUOI? Personne m'a dit ça? Le curé part le mp3.... « You Rabbit! Fuck fuck fuck fuck... » Heye! Kossé qu'y se passe ? Ça marche pas là. Si Dieu existe, chu fait à l'os... Je sais pas comment arrêter ça...pis le curé, y'é peut-être motté mais crisse, y'est bilingue pis ça paraît. J'ai l'impression que la tombe à shake parce que la Stella, à se tord de rire, fière d'un autre de ses mauvais coups. Trois minutes interminables. Pendant ce temps là, je mets 20 piastres dans la tite boîte de métal pis j'allume des lampions dans l'espoir de me faire pardonner. J'ai pas fait cette toune-là pour qu'à joue à l'église...!

Le curé, y'est en cibole après moi et y'a pas dit son dernier mot. « J'invite d'ailleurs Daniel à venir en avant, nous parler de Stella. Elle aurait donc souhaité ça je crois » dit-il, soucieux de me faire payer sur le champs pour cette pollution auditive et vulgaire qu'il a dû subir à cause de moi.

Ah ouin? Ok d'abord! Je marche d'un pas convaincu et je monte dans la vieille chaire à sermont de bois sculptée sous le regard médusé du prélat! C'est haut c't'affaire-là! J'ai le vertige, ça va ben! C'est bizarre, y'a plein de monde dans l'église... plein de petits vieux venus faire leur « warm up » avant l'office de 16h qui commence dans 45 minutes. Ouin... Vas y mon Dan!

« Hum! Hum!» Non mais c'est tu vrai qu'une église où l'on entend pas au moins une fois quelqu'un tousser ben écho...me semble qu'y manquerait de quoi hein? « Chers amis... Je vais vous parler de Stella... Ou je pourrais très bien vous parler de nous tous car Stella, c'est vous, Stella c'est aussi moi. C'est une vie, parsemée de bon coups et de moins bons. C'est du plaisir, de la peine, des rêves qu'on réalise et d'autres qu'on accepte qu'ils ne verront jamais le jour. Stella avait compris ce qu'étaient ses limites mais pour le reste, ce qu'elle pouvait mener ou contrôler, elle ne laissait à quiconque la chance de le faire à sa place. Vivez! Faites du présent votre lieu de prédilection et de l'amour votre seul et unique langage!»

......J'ai dit ça moé?????? C'est pas mêlant, y'a pu personne qui check son 'Prions en Église'. Tout le monde me regarde pis y'a même une tite vieille qui est presque prête à me donner ses béquilles à condition que je la touche...sacrement!!!! Le curé, ben y'est bouché ben raide mais moi, je le suis encore plus que lui.

Là je sais plus quoi dire... J'hésite entre « Des questions? » ou « Salut Stella! »...finalement, je dis...  « Amen ». Tout le monde applaudit.

Je descends pis j'ai hâte en crisse qu'on passe à autre chose...

On sort pis, suivant le cortège, j'entends murmurer ou plutôt mémèrer...  « C'est le fils à madame 'Mouèsan'...y'é tu bien élevé rien qu'un peu! Ah y parle tellement bien...comme Mario Dumont! Y'a juste ses cheveux, là... Y serait tellement plus beau si... » Même venant d'une grébiche de 82 ans, ça me met en crisse... Je regarde la meute avec un regard assassin...Lâchez-les mes cheveux calvaire! Toi j'te parle tu de ta gang de l'âge d'or avec vos moutons aux pêches ou ben aux bleuets que vous avez s'à tête?

Dan, calme toi...respire...bon, ça va mieux;-)

Nous v'là dehors pis mon oncle me dit « Ben parlé le jeune! Tu m'excuseras... y s'en vont l'enterrer pis tu comprendras qu'à mon âge... » C'est correct mon oncle, vas y! Me dis-je tout bas en lui donnant l'accolade et en espérant que son dernier show à lui viendra le plus tard possible...y'est tellement gentil.

Le chauffeur me remercie chaleureusement et me donne ses coordonnées...qui sait, j'aurai peut-être besoin d'un chauffeur un jour LOL!!!

Il ne reste plus que la bonne et moi sur le parvis...elle s'amène, toute énervée...  « Pis Ali? Comment qu'y va le beau tit Ali à sa maman ? J'm'ennuie tellement! As tu des photos? » Je lui montre et remontre le contenu de mon Iphone et elle ne s'en lasse pas. Vais-je devoir japper pour la séduire esti? « Est-ce que ça te dérangerais qu'on aille porter des boîtes venant du Château à la vieille maison en haut de la côte? Ça me fait peur d'aller là toute seule... » J'accepte, me disant que de revoir cet endroit va peut-être défaire deux ou trois nœuds de mon enfance inconsciente.

Quel lieu étrange... un souvenir si flou qu'on dirait ma vitre de char avant de la gratter, un matin de verglas. Je reconnais comme l'odeur...que je situerais entre lavande pis les boules à mites... La bonne, Gisèle de son prénom, s'en retourne vivre à Val d'Or. Ses parents y tiennent un chenil pour chiens abandonnés...d'où son indéfectible amour pour la gente canine. Il y a un silence et une paix dans cette maison. Le parfum de Gisèle a soudainement éclipsé celui de la piaule. - « Bon ben je vais y aller moi. Bonne chance Gisèle » Elle ne répond pas. Elle marche lentement en s'approchant de moi. -  « Merci Dan pour tout ce que tu as fait. Tu m'as beaucoup touchée tantôt...Ali a de qui tenir... » me dit-elle, laissant tomber son manteau au sol. Gisèle n'a pas apporté son plumeau...qu'à cela ne tienne...j'pense pas qu'on va faire du ménage;-)!

Elle passe doucement sa main dans mes cheveux...oui mes cheveux crisse!!!! Elle saisit ma nuque et...le reste, ben j'vous le dis pas! ;-)


À plus!
Le Chien Perdu


dimanche 22 janvier 2012

La tempête...la suite


Ouch!!! À chacun sa vision de l'apocalypse. Saint-Jean, Saint-Malachie et Nostradamus ont eu la leur...là, moi j'ai la mienne. Quel intérêt, autre que scientifique, aurais-je à contempler la nudité de cette femme qui serait même trop vieille pour être ma mère? D'un point de vue humain et artistique cependant, elle me coupe le souffle tant elle est fière de ce qu'elle est...bien des femmes de 25 ans n'ont pas cette assurance dans leur plus simple appareil. « Serais tu capable d'en faire autant jeune homme? » Je ne réponds pas et je sais que ce n'est pas de la séduction mais plutôt un défi qu'elle me lance. « Tu sais, à ton âge, j'étais très « chick » comme vous dites! Toi, t'es plutôt poule mouillée à ce que je vois » me lance-t-elle en se rhabillant. Stella 1, Dan 0. Une vieille sage va me faire la leçon cette semaine...Je serai son Luke, elle sera ma Yoda!

Nous voilà dans la pièce principale et la bonne est à quatre pattes entrain de jouer avec Ali. Une bonne à quatre pattes! Moi le con, évidemment que je fantasme. Stella a un détecteur de cons je crois car elle me prend le bras en me disant tout bas « l'insignifiance a beau être belle et à quatre pattes, c'est quand même de l'insignifiance...Allez, jeune Duc en ruth, allons marcher un peu ». Je constate évidemment le vide mental chez cette jeune nymphette qui s'amuse à essayer de créer un contact intellectuel avec mes R2D2 et C3PO, Baklava et Ali. Mais une chance que l'insignifiance a un beau cul, sinon, elle aurait quoi?;-) Cul pas cul, Ali était enchanté d'avoir une bonne poire pour être à l'affût de ses moindres désirs.

C'est drôle se promener dans le Château et de se faire regarder avec crainte par le staff. On a tous un tit air « cocky » quand on est VIP. On se pense important, surtout tsé, quand on a la passe backstage dans le cou au festival d'été ou ben au show de la Saint-Jean. Un carton plastifié qui nous distingue du pauvre peuple. Pour moi la traduction de VIP ça a toujours été « Very Important...Profiteur ». Mais le troupeau, y'a ben plus de fun sur les plaines. Y regarde le show pis y trippe solide. Les VIP, on regarde si le monde nous regarde, on a de l'attitude et on cherche plus important que nous pour faire des contacts car le VIP n'a qu'une importance circonstancielle et éphémère. Enlève Stella de l'équation en ce moment pis avec mes cheveux longs pis ma barbe de 3 jours, on m'intercepte pour vagabondage. Là, avec elle, on me lèche les bottes. « Daniel » Ah ça j'haïs ça me faire appeler de même! Quand une fille m'aime pu, c'est ça qu'à me dit. Avant, c'était Dan, chaton, ti pet...mais Daniel, ça ne signifie qu'une chose : la fin! « Tu sais jeune homme que tout ce respect, je l'ai mérité une personne à la fois? On me traitait de potiche jusqu'au moment où mon mari, John D. Price tombe en burn out. » En tout cas, il avait le nom pour ça me dis-je en riant tout bas LOL. Le regard de Stella me fascine car il ne m'est pas étranger. Ce sont les vrais battants qui ont tous ces yeux ou bien ceux-là m'ont ils déjà croisé?

« J'aime bien faire les petites boutiques ici, même si tout est hors de prix. Pauvres touristes! Viens, on va s'asseoir ici dans la verrière du resto. » Je regarde la terrasse et le fleuve glacé. Je me commande une limonade sous le regard abasourdi de mon aînée qui se commande un Scotch. Je vois bien qu'elle n'y comprend rien. Je lui souris et m'explique. - « C'était l'été, il y a 5 ans. J'étais sur la terrasse de ce resto, convoqué par une cliente de Toronto. On ne s'était jamais vus. Je suis tombé en amour le temps d'une limonade. Le fleuve était turquoise comme ses yeux. Le temps s'est arrêté. J'avais pris ce jus d'agrumes au fond grenadine car je voulais pas passer pour un alcoolo en me callant une bière ou un fort. J'étais comme un mineur qui découvre de l'or...mais pas sur son terrain...c'est comme ça que je me sentais. Je la trouvais trop bien, trop belle, trop hot pour moi. » - « Et elle l'était probablement! » de me répondre sèchement mère grand. Je la regarde un peu en crisse mais elle a pas tort. « L'estime de soi, c'est l'agence de voyage de la vie. Elle a le pouvoir de t'emmener au bout du monde ou bien nulle part. À toi seul de décider. Moi, quand j'habitais cette vieille maison en haut de la côte sur la rive-sud et que j'ai tenu tête à ce Price qui voulait m'exproprier pour construire des cages à poules en 1972, jamais je n'aurais cru que cette confiance en moi le séduirait et en ferait mon mari. Et malgré ses entourloupes et ses jeux de séduction au fil des années, ma vieille maison est toujours là et lui, non » dit-elle en éclatant de rire mais en se signant immédiatement de la croix. « N'attends donc pas de ne plus être là pour avoir ce que tu veux...surtout quand tu as tout ce qu'il faut pour l'obtenir, jeune blanc bec! » Stella 2, Dan 0.

Nous voilà de retour dans ses quartiers. Mais pourquoi c'est pas moi que la bonne embrasse? Mon chien, y'aime même pas ça! Quel gaspille. Et Baklava qui fait ses griffes sur le manteau de cachemire du chauffeur qui lui, a la face dans son journal, attendant les ordres de Stella, tel un pompier dans sa caserne. Elle me ramène dans sa chambre ou dois-je plutôt dire le gymnase où elle dort LOL! « Attends moi ici j'ai un détail à régler et je reviens. » Ce qu'elle a un beau piano! J'aurais le goût d'en jouer mais je veux pas déranger. Heye! Ça suffit Dan! Affirme toi! Elle va voir la Stella de quel bois je me chauffe! Le Dan pas de fierté pis pas de courage, ben y'existe plus!!!

10 minutes plus tard, elle revient. Je lâche le piano, me lève d'un trait et me retourne fièrement. « Daniel! Mon Dieu! Heu...je vous présente Matako Washishi, président de SYNO Music... » Tabarnak, chu tout nu calisse!!! Je voulais lui remettre la monnaie de sa pièce...Heye, là ça va pas ben... Tsé l'expression « Timing is everything »? - « De-De-De-De-Dan Louis, Mosquito-B! » lui dis-je en lui serrant la main et en me cachant Léo Labine de l'autre. Le Japonais comprend rien et quitte poliment après avoir pris une copie de mon album et me fais un signe de tête tout en disant un barratin de son pays qu'on peut facilement traduire par « Don't call us, we'll call you ». Dan....ZÉRO!

On ne parle plus. Y'a rien à ajouter. Je la remercie quand même... Je me rhabille et on convient de se revoir demain matin à la même heure. La bonne a presque les larmes aux yeux de devoir quitter Ali...moi, elle me dit « à demain » aussi sexy qu'une caissière du Jean Coutu crisse.

J'entends les marimbas de 6h. Ça ne me dérange pas. Je veux poursuivre cette quête car de toute évidence, après mon « move » de trouduc d'hier, ma formation de Jedi est loin d'être complétée. J'ai fait un drôle de rêve. Y'avait mes parents qui allaient me reconduire chez la gardienne et me donnaient un toutou pour m'engourdir dans l'auto...ils quittaient pour la Gaspésie avec les autres enfants plus grands, moi je n'avais que 3 ans. Et je vois les yeux de Stella...ils sont partout et Hop! Me voilà éveillé.

La limousine arrive...Heye, j'te dis que les voisins vont mémèrer là! Tsé, une limo, un jour, ça peut être un concours. Mais là, deux jours en ligne, je ne peux être autre chose qu'important.;-) Je laisse le zoo à la maison cette fois...si je veux finir par attirer l'attention de la bonne!

Le chauffeur est livide et n'entend pas à rire. « Madame Price a eu un accident vasculaire cette nuit. Elle est hospitalisée et désire vous voir... » J'ai vraiment chaud et je suis inquiet... J'arrive aux soins intensifs et ne remarque même pas la bombe sexuelle qui se tient là avec son stéthoscope dans le cou... Comment puis-je dire que je ne la remarque pas? Je viens de la décrire calisse! En tout cas, je ne m'y attarde pas! Je croise un curé avec une étole pourpre dans le cou...ça ne dit rien de bon. J'arrive au chevet de Stella. Elle est sur le respirateur qui fait le même bruit que Darth Vader. Elle me sourit et me dit « Daniel, j'ai été...ta mère! »

Moment dramatique!

Oui! Le rêve...c'était ça! Ma gardienne s'appelait maman Lorraine et elle habitait en haut de cette côte à Saint-Romuald, dans cette vieille maison. Elle s'était bien gardé, cette jeune étudiante universitaire et avide de se reproduire, de dire à mes parents qu'elle passerait son samedi avec Serge, jeune barbu étudiant le droit. Elle avait demandé à la proprio de prendre la relève...c'était Stella. Les jeux, la musique, le petit piano jouet...tout me revient! Elle a probablement fait le lien entre nous avec les papiers de la cour... « Mon petit Daniel, le seul bébé que j'ai eu dans ma vie...je t'aime... » Je lui souris, lui tiens la main et l'embrasse. « Tu souhaites quoi dans ta vie Daniel? » je la regarde et j'ai les yeux pleins d'eau car je n'ai qu'un mot en tête : bonheur. Me semble qu'il est loin des fois le bonheur... Je ne parle pas...chu pu capable de parler. Elle me regarde et me dit « Heureux, tu seras, tu l'es même déjà... » en poussant son dernier souffle.

J'ai jamais vu personne mourir. Ça fesse en crisse. Elle n'est plus là mais elle sourit. Elle a quitté totalement heureuse. Moi je sais pas où j'en suis mais je sais que j'ai bougé. Je dis au chauffeur de laisser faire, que je vais rentrer à pied. La neige est douce et la vague de froid est partie...la tempête est finie et je respire cet air si précieux, cet air que l'on croit acquis pour toujours. Je souris, les larmes aux yeux.

Elle m'a légué un truc, une chose pis malheureusement crisse, c'est pas la bonne ni la limousine. Seulement une petite étoile de mer avec un mot : « Daniel, il est long le chemin entre le fond de l'océan et le firmament. L'étoile, c'est toi et le ciel t'attends. Brille de tous tes feux, il n'en tient qu'à toi. Je t'aime, Stella. »

À plus
Le Chien Perdu

samedi 21 janvier 2012

La tempête


Quand j'étais petit, je me prenais pour Luke Skywalker de la Guerre des Étoiles. C'était mon « role model » de choix. Il était chétif, honnête, loser mais il est finalement devenu le héro. Du haut de mes 10-11 ans, de ma « chétivité » et de ma « loositude », je m'accrochais à ça en me disant que le meilleur s'en venait pour moi. Le meilleur, y'est arrivé beaucoup plus tard, pour Luke comme pour moi pis on a fini à peu près pareils : célibataires esseulés avec notre épée laser pis ben des trucs de pas réglés avec notre père LOL!

À chaque fois qu'il fait tempête, je pense à Luke, jammé dans un banc de neige, sur une planète au climat polaire dans l'épisode « L'Empire contre-attaque ». Il est blessé, perdu, confus, a des visions, il se sent seul et désemparé pis y tombe dans les pommes en prenant un dernier bon bouillon de marde blanche.

C'est la fin.

Ben non, c'est pas la fin! Y se fait sauver pis ses aventures continuent. Au bout du compte, ben, y gagne.

7h AM. L'ostie de sonnerie Marimba de mon Iphone me rappelle qu'il faut se lever. Anyway, impossible de passer tout droit ici. Quand c'est pas l'alarme, c'est le chat qui va s'en prendre à mon nez ou ben à mes pieds ou ben le clébard qui va me mettre son foutu museau mouillé dans face en pleurnichant pour aller servir sa limonade sur la neige. Ce matin, c'est tempête...dehors pis en dedans. Je peux pas croire que je vais passer en cour pour avoir troublé l'ordre public. Je me lève et j'men va pelleter. Pas le choix, si je veux pas en plus, me faire poursuivre par le facteur LOL. J'ai le dos scrap alors je prends une plus petite pelle, conseil No 1 pour ceux qui, comme moi, ont les yeux plus grands que la panse. Attention aux excès de courage. Luke Skywalker, ça lui a coûté sa main quand même. Mais qui dit « petites bouchées » dit « long repas ». Je déblaye, je pelle... on dit tu pelle? Pèlete? Pelte? En tout cas, je mets la neige ailleurs que dans le chemin! Curieuse, cette tempête...il fait déjà soleil. J'arrête, je respire et je sens la chaleur de l'astre sur mon visage. Le printemps n'est pas si loin que ça. Le printemps, c'est la vie qui revient, c'est les belles filles en jupe, c'est l'envie de changer de char qui nous pogne... Je rêvasse encore et encore...Je me remets au boulot.

« Daniel L. Moisan?  Êtes vous Daniel L. Moisan? » J'ai la chienne. Un grand gaillard en manteau noir se tient devant moi sur mon terrain. Il a de la neige jusqu'aux genoux... et plus encore, car il vient de manger ma dernière pelletée...je regardais ailleurs, désolé. Je sais pas quoi répondre. D'un coup qu'y vient ici pour me kidnapper, me menacer ou ben me tuer? Mon chien grogne...c'est mauvais signe...mais juste assez cependant pour que Monsieur « Men in Black 5 » se tienne à une certaine distance. Y'a le chat dans la fenêtre qui veut bien nous faire croire qu'il suit notre conversation... Pauvre Baklava! - « Heu, oui? » - « Gérard Girouard, Avocat. Je viens vous remettre un document ou plutôt une proposition de la part de Madame Stella Price, la dame à qui vous avez causé un tort irréparrable en hurlant comme un damné sur le chemin Saint-Louis. » - « Faites-moi part de votre proposition mais je vous avertis, je couche pas avec personne OK? » Fallait que ma phrase s'arrête là parce que j'étais sur le point de recrier. - « Calmez-vous jeune homme. En gros, Madame Price accepterait de retirer sa plainte à la condition que vous lui consacriez du temps cette semaine et que vous l'accompagniez dans ses allées et venues. Vous pouvez même emmener vos animaux de compagnie. Pas de chichis, pas d'attrape, vous lui faites la conversation et la suivez dans ses déplacements. Ça vous va? » Ai-je vraiment le choix? -  « Bon ben OK! » dis-je sans trop me questionner. Anyway, ça peut tu aller plus mal? - « Un chauffeur passera vous chercher demain. Soyez prêt... sept heures. »

Le lendemain arrive. Comme s'ils avaient compris de quoi, mes animaux sont assis, dans le portique...manque juste deux petites valises... Une limousine arrête devant chez moi. Moi qui a toujours rêvé que la musique et le succès fasse de ce véhicule mon principal moyen de transport...ben non, c'est plutôt mes conneries qui me valent cet honneur.

Me voilà sur Grande-Allée. J'ai l'impression d'être un Gino qui fait la tournée des grands ducs avec un chauffeur pour épater la galerie... Ça doit quand même être le fun de s'envoyer en l'air là-dedans... Quelle impression de pouvoir... La limousine est le cocher du 21e siècle...avec l'air climatisé, le mini bar pis les vitres électriques par contre LOL. On entre dans les vieux murs de Québec. Je me demande bien où elle habite. Je pensais me ramasser dans un foyer. Malgré que c'est une Jaguar qui a pogné le poteau pis là, chu dans une limo. On entre au Château Frontenac...sacrement!

On passe même pas par l'entrée principale. On prend un petit ascenseur qui nous mène au 6e étage. La porte ouvre et me voilà directement dans un « living room » avec vue sur le fleuve. « Bonjour M. Moisan! » me dit une bonne...oui oui! Une vraie bonne habillée comme dans les films de cul! Wow!!!! Rouquine avec le plumeau pis toute là! « Madame Price vous attend. » - « Je fais quoi avec les animaux? » -  « Vous me les laissez, on va s'en occuper... » Pis mon petit animal lui, t'as pas le goût de t'en occuper? me dis-je tout bas ;-) Coudonc, à lit tu dans mes pensées?...à me regarde bizarre. 

J'entends du piano qui se fait de plus en plus fort à mesure que l'on arpente la pièce et le petit couloir menant aux quartiers de Madame. C'est « Clair de Lune » de De Bussy. Maudit que c'est beau. Je dirais n'importe quoi sur cette trame sonore : je t'aime, adieu, j'te veux, on se call tu une pizz?...anything! On entre dans cet espace chaleureux aux murs et au plafond de bois coffré avec un plancher aux essences variées, le tout,  vernis à la perfection. Elle est là à jouer passionnément...elle nous entend, elle s'arrête et se retourne.

« Dan Louis! Le fameux Dan Louis! Vous voilà enfin. J'en ai appris beaucoup sur vous, vous savez? Je suis peut-être vieille mais je sais "Googler" ! Entrepreneur, musicien, écrivain mais... » Osti, dis pas trou de cul, s'il te plaît, dis pas trou de cul OK? « t... » Ah crisse! « T...rop peu confiant, malheureusement! » À se prend pour qui calisse? Ouin, avec le cash qu'elle a, à doit sûrement être un peu quelqu'un... Ses yeux ont encore 20 ans malgré qu'elle ait le double de mon âge. Elle se lève et dépose sa tasse de thé sur son Steinway à queue.

Elle se dresse devant moi... le chauffeur est parti. Osti!!! elle laisse tomber son peignoir! J'ai tu vraiment envie de voir ça? « Dan, regarde moi »... Calvaire...

À SUIVRE...
Le Chien Perdu

mardi 17 janvier 2012

Family Freud!


J'arpente les allées d'un supermarché. Elles sont tellement hautes. Non, elles ne le sont pas, j'ai 3 ans. On est chez Steinberg. Je suis avec ma mère et Madame Morin, la voisine d'en arrière. Maman dit : « Je vais aller régler le tout pour faire livrer les sacs d'épicerie à l'auto. Dès que c'est fait, je reviens vous prendre. » - « Presse toi pas, on va se promener, le petit Daniel et moi;-) » lui dit, assurée, la voisine aux énormes seins qui veulent faire éclater son manteau d'hiver gris matelassé. J'ai du plaisir, je suis insouciant et j'ai confiance. Je remarque un truc...est-ce une boîte de FrootLoops? Je ne me rappelle plus mais je la montre à ma gardienne qui...n'est plus là! La vie, soudainement, a substitué Madame Morin par Madame Crise de Panique! Je regarde partout, je ne la vois pas, j'ai les larmes aux yeux. Rendu au bout de l'allée, les paniers s'entrechoquent devant moi et le bruit devient assourdissant. Il y a 7 caissières, toutes rousses et élancées. Elles ne parlent pas, elles jappent mais je comprends ce qu'elles me disent. 7 Anouks qui m'envoient un « Allo mon beau...t'es tu perdu? » Une d'elles me prend et au lieu de m'embrasser, me lèche la face! Et moi, je flatte ses cheveux mais rien n'y fait pour que mes pleurs cessent. Ma mère arrive, je reconnais son manteau rouge. Je la trouve belle, maman... et comme tous les garçons de mon âge, je compte bien l'épouser. 5 minutes qui m'ont paru une éternité... Elle me prend dans ses bras. Est-ce bien elle? Je la dévisage mais je ne la reconnais plus. J'aime cependant ce que je vois et tout à coup, ce visage me dit : « Salut, trou de cul! ».... Sophie?!?!?! Aaaaahhhhhhhhhh!

J'ai sûrement crié pour vrai car mon chien et mon chat sont debouts dans la chambre... l'un avec son air imbécile mais inquiet et l'autre qui a le poil hérissé et qui ne ronrone plus du tout. Ali jappe. Il veut m'aider mais y sait pas comment...ben non, y veut juste aller pisser...encore! Je suis en sueurs pis c'est bizarre, j'ai le moton. Je braillerais drette là. Mon oreiller de corps est déformé tant je l'ai agrippé. L'abandon, la perte...c'est donc dur à gérer! 39 ans plus tard et je fais toujours le rêve de ce réel événement, bien que ses protagonistes aient changé au fil des ans. Si c'était pas arrivé c't'affaire-là, aujourd'hui, serais-je différent? Plus sûr de moi? Médecin, marié à une playmate et vivant en californie avec un chien intelligent? On devient adulte à tout âge finalement. Y'en a que c'est à 40 ans et d'autres, comme en Afghanistan, à 8 ans. Les épreuves sont les rides de l'esprit.

Je reçois un courriel de ma copine Sarah. Est drôle Sarah! À trippe voyages. Elle a fait le tour du monde la capotée. Un pack-sac pis c'est toute. Dès le Cégep, on a compris qu'on ferait juste prendre une bière ensemble malgré qu'on a baisé ben saouls en 2005...Bon, faisait noir pis à pensait que j'étais son ex pis moi, ben je pensais...je pense que je pensais pas LOL!!! Mais on s'en est jamais reparlé...  « c'est jamais arrivé! » comme dirait un politicien à la Commision Gomery. Sarah, elle a ce courage que moi je n'ai pas de pouvoir tout quitter. Elle vous dirait probablement que moi, j'ai le courage qu'elle n'a pas...celui de rester.

« Salut mon beau chien barbette! C'est plate, on aura pas le temps de se voir encore. Je quitte pour Santiago...un beau grand chilien m'y attend. Ah oui, y'a ma copine Odette, un super pétard qui vient de se séparer. Elle a pas envie de se casser la tête, elle a vu les vidéos de ton band sur Youtube pis à capote ben raide sur ton cas. Voici son courriel. Elle attend de tes nouvelles...ah oui, en passant, est Psy!;-) Ciao Amigo! » Sans que je n'aie le temps de réagir ni de réfléchir, je reçois un autre message : Odette Sanschagrin veux vous ajouter comme ami Facebook. Chu mêlé là... ah pis calisse! Le chien vient de pisser à terre!!!

J'men crisse de la pisse! Je passe mon Swiffer Wet Jet en sifflotant. Je pense aux photos de profil d'Odette. C'est pas un super pétard là, c'est un O-S-T-I d'pétard!!! Mais là, j'va y dire quoi? C'est tricky ce monde-là. À peut aussi ben me parler de moules à gâteau pis ma réponse va vouloir dire de quoi de ben profond. Le bas de mon corps veut mais ma tête elle, à marche sur des œufs. J'ai rien qu'à pas trop parler de moi pis surtout de pas lui raconter mon rêve. D'un coup qu'à me dit que chu dépendant affectif ou ben que je souffre du syndrôme de l'abandon chronique ou ben d'une autre manie ou maladie qu'on voit dans les téléromans??? J'ai peur! C'est tellement plus facile de se faire traiter de fou par quelqu'un qui connait pas ça!!!!

Pis à part de ça, chu pas pire qu'un autre. Chu fin... pis normal... pis ben moins pire que Freud. J'ai jamais pris de « coke » moi!

On finit par se parler en ligne. Est pas mal hot! Est vite, brillante, cultivée...on est dû pour se voir! « Viens me rejoindre à ma clinique privée, je termine à 17h30. » Le jour arrive et puis j'entre. Un beau bureau à Sillery. Y'a pas un chat dans la salle d'attente mais la porte de son bureau est fermée. J'entends marmoner. J'avoue, y'est 17h 15 mais y'avait pas de trafic pis j'attendrai toujours ben pas dans mon char à -30! J'entends du bruit. Je pogne un magazine en vitesse. Je veux pas que quelqu'un pense que je consulte là... La porte ouvre et ça pleure pas à peu près! Je regarde en hypocrite en baissant un peu le magazine... « Fais toi en pas ma belle Sophie, les gars c'est pas tous des trous de cul... » Tabarnak! C'est Sophie!!! Là chu pratiquement caché au complet en arrière du magazine. Ouf! Est sortie pis à m'a pas remarqué.

- « Dan? Odette Sanschagrin. Mon Dieu! Ta photo te rend pas justice! Entre... l'artiste;-) » Mais quelle femme! Je rêve! J'entre dans son bureau et tout est épuré. À travers de grandes fenêtres, on aperçoit le Bois de Coulonge. Le mobilier est design. Deux fauteuils de cuir noir Le Corbusier se font face dans ce qui semble être son terrain de jeux...d'esprits. Elle porte un tailleur gris sous lequel une chemise fushia en soie déborde à l'extrémité des manches. Ses yeux sont bleus, ses cheveux blonds cendrés, son teint bazané et un collier de perles dort sur son cou et m'appelle...aaahhhhhh! « Premièrement, j'aimerais que tu me signes un papier comme quoi je ne suis pas ta thérapeute. Ça te va? » me dit-elle avec le sourire. - « oui, oui » lui dis-je en con dont la tour de contrôle ne répond plus. -  « Viens t'asseoir » lance-t-elle en buvant d'un coup un scotch qu'elle s'était versé. « On va jouer à un petit jeu si tu le veux bien. » Le con dit ouiiiii! « Je veux apprendre à te connaître à MA façon. Je vais te montrer des taches noires sur des cartons et tu me dis à quoi tu penses. À chaque réponse satisfaisante, j'enlèverai un morceau...ça te va mon beau mâle? » Je fais oui de la tête car je suis sans mots.

Y'est bizarre son jeu. Viens pas me faire à croire que de répondre « un Whippet » en se faisant montrer une tache noire peut nous valoir, sans plus d'efforts, de voir la collection 2012 de Victoria's Secret. Après plusieurs cartons, je lui réponds « Corbeau » et là, la Marjo de la psychanalyse se déchaîne. Elle est flambant nue et danse sensuellement sur la trame de « Neuf Semaines et Demi »...bon choix de sa part. Elle est ma Kim Basinger, je suis son Mickey Rourke – précision – Mickey Rourke quand y'avait de l'allure!

Elle danse et moi, assis, je la veux. Elle me regarde et passe doucement la langue sur ses lèvres qui goûtent encore le Scotch. Je sens que je vais y goûter bientôt moi aussi!!! Soudainement, tel un 33 tours qui dérape, la porte ouvre. On se retourne.

Sophie a oublié ses mitaines.

Odette est figée mais pas pour longtemps. Elle se retourne vers moi et me donne des coups de pieds « Lâche moi, maudit cochon, lâche moi!!! » Ben voyons! Chu assis les bras sur les accoudoirs. Je comprends qu'à veuille sauver la face mais ça marche pas pantoute son affaire. Mais à la vitesse à laquelle Sophie avance vers moi, chu aussi ben, moi, de vouloir sauver ma peau. Je l'esquive tout en mageant un coup de pied dans face. Osti, ça fesse des souliers Burberry! Je fais une pirouette jusqu'à son poste de travail, histoire de récupérer le fameux contrat qu'on a signé...on ne sait jamais. Je fais connaissance avec l'autre soulier mais lancé derrière ma tête cette fois. Je me sauve en courant...ayoye! Un presse papier c'est beau sur un bureau...mais pas dans le dos! Je fuis la cacophonie qui est momentanément surpassée par un écho et à l'unisson « trou de cul!!!! »

Je suis sur le trottoir. J'en peux plus et j'en ai assez! Je pense au cri primal. Je pense,donc...je crie!! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh! Ça fait du bien. Mais pas pour longtemps. La petite vieille dans son char juste devant moi a pogné le mors aux dents pis à vient de rentrer dans un poteau. Y'a des témoins...

Minuit, je rentre à la maison. Je suis de retour du poste de police. 500$ de caution pis une plainte pour avoir troublé l'ordre public. Ah oui, Sophie m'a bloqué totalement de son profil Facebook...

J'écris tu à Sarah pour la remercier? J'va y penser un peu...


À plus
Le Chien Perdu

lundi 16 janvier 2012

Ikea ou... Man, I feel like a woman!


Le matin est plutôt difficile. J'ai un pas pire œil au beurre noir. Sophie m'a enlevé de ses amis Facebook...mais elle m'a pas bloqué... Je viens d'ouvrir 3 réponses de pitounes sur réseauchosebine.com. « Ta fiche est pas pire mais c'est ta photo...j'aime pas vraiment les gars avec les cheveux longs. T'es beau là, mais sans les cheveux » Chu musicien viarge! J'ai déjà eu les cheveux courts...ça me donne l'air bête pis... j'aime pas ça c'est toute! Là, je file rejet en crisse. J'ai pas l'air assez « sérieux »...esti, une chance qu'y m'ont pas parlé en plus! Là, j'ai peur de renvoyer d'autres messages à des filles du réseau faque j'irai plus...pour un bout en tout cas. Ma confiance est anéantie et c'est pas mêlant, s'il savait ça, Samson se revirerait dans sa tombe!!! Mon chien me regarde. On dirait qu'y comprend ce qui m'arrive...ah non, y veut juste aller pisser. Faut quand même être courageux, aller vider sa limonade, pas de manteau, à -30 degrés...Ali y'est capable. Pis à chaque fois, je dois me battre avec l'osti de chat qui veut se faufiler pendant que j'attache Mr zéro intelligence dehors. Si y'avait pas coûté si cher le chat, je le ferais jouer à « statue » dans la cour. Avec un petit frame de même, 10 minutes au frette pis y look empaillé.

Une fois le clébard rentré, je fais la vache et je retourne dans ma chambre...il n'est que 8h 30, on est samedi et j'ai pas mes moineaux. Je retourne voir mes refus de réseauchosebine.com, histoire de m'apitoyer sur mon sort un peu...Y'en a une, je l'ai presque séduite malgré mon épouvantail sur la tête...elle me demande « est-ce que tu t'attaches les cheveux? C'est une question juste comme ça... » Y sont pas vraiment assez longs pour ça. Je dois confesser que dans l'intimité la plus totale, il m'arrive de me faire un palmier quand je fais de la réno et des travaux de peinture mais la plupart du temps, je me fous une casquette à l'envers pour regrouper le tout. Ou l'autre qui me dit « As tu d'autres photos? Moi je suis une femme qui aime beaucoup la mode. » Aurais-je un jour osé dire à une fille « envoie moi donc d'autres photos »? Mais les femmes sont pratiques. Pourquoi se taper une « date » si on est pas sûr de la marchandise? J'en conviens, combien de fois est-ce que j'ai dû sortir mon barratin de con en disant à une fille à quel point je ne recherchais pas l'engagement une fois que je tombais face à face avec elle et que la réalité ne correspondait pas à la photo... Au moins, quand tu revires l'autre en ligne, tu vois pas sa face de rejet en tabarnak...tu files moins cheap.

Encore pire, l'autre jour, dans un bar, j'ai presque séduit une jolie mademoiselle...quand elle a vu la photo de ma cuisine!!! « C'est beau, c'est moderne! » Suis-je rendu à l'âge où mes possessions doivent venir à ma rescousse? Est-ce le règne des « choses » qui vient de s'installer? Mon corps tombe-t-il en ruines à ce point? Si j'étais Adam, ma feuille verte qui me sert d'habit devrait être une Lacoste et le pommier serait bien droit, à angles et brun chocolat. Pis on tournerait un show de télé : Ève, tu m'inspires sur Canal Pomme!

Le nouveau standard, c'est Occupation Double. Un douchebag full shape dans une maison nickel! Merci TVA crisse!!!!!!

Ikea, ouin Ikea. Si je ne suffit plus dans mon simple appareil, je dois réagir. C'est une question de survie. Si les femmes que je suis trop con pour désirer aiment les apparences et ont des valeurs superficielles, je dois me mettre à leur diapason! Si elles se sentent en confiance dans les belles choses, le reste suivra sûrement! Je me trouve tellement con là...ça n'a aucun sens. Qu'à cela ne tienne, me voilà sur la 20 à la quête du bonheur qui s'achète.

Essaye donc de te trouver une place dans cet immense parking, un samedi après-midi. Ikea, c'est une ruche où les petites abeilles traînent leur gros taon;-) J'entre et je souffre. Que des couples et des couples et des couples. Y'en a un qui arrête pas de se frencher dans l'escalier roulant...d'après moi, c'est leur deuxième visite maximum. Mais peu importe leur âge, tous les hommes, à l'exception des couples gais, ont les mêmes mots imprimés dans face : « concession », « OK d'abord », « Air Lousses », « Si tu veux », « J'ai hâte de baiser dans : ce lit-là, sur ce comptoir-là, au fond de l'allée 24 où personne ne va » et « Heye ! chu tu entrain de manquer le football? » Moi, avec mon œil au beurre noir, tout le monde me regarde. Les femmes se disent : si à t'a fait ça, c'est que tu le méritais salaud! et les gars : Chanceux, t'as au moins une raison de la laisser toi! Ben non, je blague...à peine.

On est tellement collés les uns aux autres que j'entends tout. J'hallucine. Ce n'est pas le paradis auquel je m'attendais. Ça s'engueule, ça s'obstine, ça se boude même! Moi qui croyait qu'ils laissaient leurs petits à la garderie du magasin pour passer un beau moment à deux...ben non! Ça règle des comptes! Moi qui était si jaloux à l'entrée, me voilà soulagé d'être seul. Mais y'a pas que des couples qui se chamaillent ici. Y'a les vieux couples où le gars, y dit rien. On se demande si il est vivant. Il pousse le chariot machinalement pendant que Germaine s'occupe de tout. Pis Germaine, est pas pire. Entre le « kossé que t'en penses » et la réponse du zombie, le truc est déjà rendu dans le panier. Y'a aussi les tout jeunes couples qui sont tellement pressés d'emménager ensemble qu'un petit rien fera l'affaire...eux, on les reverra ici entrain de s'engueuler dans 18 mois...donnez leur le temps, soyez indulgents;-)

C'est essentiellement un univers de femmes Ikea. Quand j'annonce sur Facebook que je viens ici, sur les 10 « Oh chanceux! » que je reçois, aucun homme ne se manifeste. Les médias font tout pour s'arracher cette part de marché si importante que représentent les femmes âgée de 25 à 54 ans. Elles sont le nerf de la guerre, les championnes de la consommation, LES décideuses dans la maison. C'est pas moi qui le dit, c'est le marché, les sondages, les statistiques et les vendeurs de pub. Tout est pensé pour les femmes ici. C'est beau ou c'est chic ou c'est pratique. Ikea réussit même à mélanger les 3. Et le tout dans un environnement qui plaira à monsieur car y'a des flèches qui disent où aller pis un casse-croûte pour s'empiffrer LOL!

Pis ça s'engueule assez fort pas mal toujours au même endroit, c'est-à-dire, en bas, vers la sortie pour l'entrepôt. Les beaux set ups à la « home staging » de madame sont disparus et le gars, y sait qu'y va commencer à forcer pis à chercher les trucs dans les allées pis à se faire dire « c'est pas là, c'est ça, pis où tu vas? » Y'a aussi l'anticipation des interminables files à la caisse, comme si on devait payer pour le bonheur obtenu 45 minutes avant. Chu tu entrain de parler de sexe moi là?????

J'avance et je suis troublé. J'ai par contre acheté tous mes trucs pour me remettre à la page...mais en même temps, j'ai le même osti de char pis le même bungalow à un étage. À m'aimera pas plus la belle matérialiste! Y va toujours manquer de quoi avec elle anyway. Je revire de bord et j'me dis : « Moi là, tsé moi là là, de quoi j'aimerais que ma maison ait l'air pour moi? » Je revise mes achats pis je décide qu'on va être heureux et « cozy » moi, mes petits, mon chien et mon chat, point! Je souris enfin! Oui ! Enfin je respire!

« Salut trou de cul! » Ha ben là!!! Encore Sophie? Je me retourne...ben non! C'est Anouk, morte de rire avec son Cédric. - « Salut Dan! Le monde, y'é tu petit rien qu'un peu? On va habiter ensemble Cédric pis moé!!!!! On vient juste de faire UN offre d'achat sur une maison pis on avait besoin d'une chaise pis d'UN étagère. » Je suis « flabergasté »! Ils vont vraiment vivre ensemble ??? J'affiche un regard aussi incrédule que surpris. Cédric, par peur de représailles suite à son retentissant coup de poing à mon endroit, me fuit du regard et s'éloigne vers les chandelles parfumées. -  « Anouk, t'as ben des trucs rose dans ton panier! » - « Ah c'est Cédric pis son Anima, tsé l'affaire de fille qui est pas une fille? » J'acquiesse en regardant son homme en grande discussion avec un viril préposé Ikea...c'est cute de les voir parler chandelles de même. « Désolé pour ton œil Dan. Mais ça te donne un petit look viril mon beau! » me dit elle, tout sourire. Bon, je la laisse à son hybride en lui donnant l'accollade...maudit qu'à sent bon.

Je me dirige vers les caisses et je vois en promo les oreillers de corps. C'est un genre de Teddy Bear pour adultes...Ça aide à compenser le manque de l'autre ça a l'air... Je regarde autour de moi, personne ne me voit. Sans crier gare et un peu gêné, j'en prend un en vitesse et je le mets dans le panier, sous les autres trucs que j'ai choisis, comme quand j'achetais des condoms à 17 ans chez Jean Coutu... Je paye, je rentre à la maison et... je me trouve un peu moins con! ;-)

À plus!
Le Chien Perdu


samedi 14 janvier 2012

C'est pas ce que tu penses... La suite!


« Où t'as pris ta queue? » me demande Anouk, faisant évidemment référence au billard. - « heu... juste là » lui dis-je en ne pouvant m'empêcher de m'imaginer le scénario alternatif et « cromagnonesque » de lui pointer mon pantalon. - « Chu ben téteuse pour les queues. Parle-moi pas d'une pas assez longue ou d'une toute courbée... » me lance-t-elle innocemment, ignorant que de telles allusions me rendent plutôt nerveux. Je ne peux détourner mon regard posé sur ses mains tenant le bâton au contour circulaire. Esti de con, ressaisis toi!!!!

Elle me regarde, postée à l'extrémité de la table. Ses yeux verts d'irlandaise sont comme des spotlights qui me dévisagent dangereusement pendant que moi, je place les boules dans le triangle...une queue, des boules...oublie-ça, chu parti! Une fois le triangle enlevé et les dures sphères prêtes à rompre les rangs, elle sort un élastique de sa poche et rassemble sa tignace sensuellement. « Je déteste avoir les cheveux dans face quand je joue. » dit-elle d'une voix suave et prête à tout. Là, je ne réponds plus de moi.

Une vraie plante tropicale à la saison des pluies la Anouk. Juste le temps de placer le jeu et elle a déjà deux bières de prises. Elle se penche sur la table, dont le velouté tapis accueille avec plaisir son généreux décolleté. Je vois la rage dans son regard qui fixe, tel un félin sur le point d'attaquer, la boule numéro 2, tête du peloton équilatéral. Je vois aussi le 2 pouces de fond de teint qu'elle a sous ses yeux dont le blanc est rougi par la fatigue et les pleurs. Sa bouche tremble et ses iris se brouillent. « Daaaaaaaaan! Whouuuuuuuuuuuu! J'ai d'la peeeeiiiine! Je veux mouuuuurir! »

Celui qui a inventé l'expression « force majeure » devait sûrement être assexué car d'un coup, mon désir se transforme en une empathie totale. En un instant, je passe de « Kim Basinger dans Neuf semaines et demi » à Sylvie Legault dans ses spots de Vision Mondiale! -  « Voyons ma belle, ça va aller. Tu sais, ça a duré seulement 3 semaines votre histoire... » - « Oui mais il m'a tellement apporté. On a même fait le sexe «tantruc»...c'est toute UN expérience! » Ha ouin? Est ben fucké elle! Le tantrisme, j'ai entendu parler de ça par Sting en entrevue. Baiser pendant 2 jours esti... Je me demande si c'est pas juste pour se faire parler de lui, comme Prince qui veut se faire appeler The Artist ou ben les Beatles qui vont tripper en Inde. « Cédric fait une maîtrise en antomologie, heu non, andropophobie, heu, ancro... » - « Anthropologie? » - « Oui, c'est ça anthroponomie! Y'étudie dans UN université.  Pis son sujet c'est « le sexe à l'époque de Hoover ». C'est colon. Y fait plein de recherches pour UN affaire de même : avoir du cul avec une balayeuse! Ça s'peut tu?» Elle dépasse mon entendement. Je ne peux m'empêcher de me demander ce que faisait ce pédant avec une telle roturière.

Bon elle se remet à pleurer. « Wouaaaaaahhhhh! Ch'pu capable Dan! Je l'aime. » Elle sanglote en mode «apnée», comme un enfant de 4 ans qui vient de se la péter dans les marches du patio et qui ne respire plus entre ses pleurs jusqu'à en avoir une teinte bleutée... comme le truc, tsé là, qu'on met au bout de la baguette de billard...

Elle est collée contre moi et mon masque tombe. C'est de Sophie dont j'ai réellement envie. Anouk dans mes bras n'est qu'un succédané qui me rapproche de l'autre réalité que je voudrais mienne. Au moins Sophie, elle m'a pas flushé de son Facebook mais la mautadite, elle m'a enlevé l'accès à ses photos... Je lui ai écrit 3 fois depuis. Pas de réponse. C'est fini je pense... Ah, pis les cheveux d'Anouk sont tellement doux, c'est pas mêlant, je la flatterais;-)

-  « Salut trou de cul! » je lève les yeux... C'est Sophie! Veux tu ben me dire kossé qu'à fait ici??? Elle voit mon visage taché de rouge à lèvres et de mascara...j'ai vraiment l'air d'un beigne. « J'ai vu sur ton profil Facebook que t'étais ici avec ta perruche... Je venais constater de visu à quel point t'es un foutu hypocrite. Dans vie, le trou de cul, faut faire des choix. Mais ça a l'air que toi t'as choisi d'être cave. » Sa voix tremble, ses sentiments la trahissent. - « Sophie, c'est pas ce que tu... » - « Ah pis va donc chier Dan Moisan! » me lance-t-elle comme un chef de tribu qui jette une dernière injure à son opposant lorsqu'il n'a d'autre choix que de capituler... Là, mon chien est mort. Elle tourne les talons et claque la porte. Comme si c'était pas assez, y'a une couple de douchebags qui s'approchent, prêts à jouer aux sauveurs, pis des gars, comme dirait mon ami Christian, « forts comme des bœufs, presqu'aussi intelligents... » Y me voient avec deux filles qui braillent...ça paraît pas « top » disons...

J'ai un peu le shake là... -« Anouk, y veulent me péter la yeule j'pense. Fais de quoi! » Ma rousse élancée ne fait ni une ni deux et me donne un de ces baisers!!! Oupelaille!!!!! j'ai chaud... Mais elle embrasse bien cette Anouk!!! WOW!!!! Les gorilles sont calmés, battent en retraite et moi, je veux un autre bec ;-)

Mais comment Sophie a-t-elle pu savoir que j'étais au Dooly's via Facebook? C'est Anouk la coupable! Elle a peut-être – on me tape sur l'épaule- indiqué notre présence commune – je me retourne tout sourire – pour rendre son ex – BANG! - ...jaloux!

Je suis au sol et y'a des pit pit qui tournoient autour de ma tête. Je me passe la langue sur les dents...OK , sont toutes là! Pour un gars qui s'habille en fille, y'é assez toffe! Je me serais plutôt attendu, de la part de Cédric, à me faire convoquer en duel. Tsé avec les chapeaux haut de forme, nos « coats » à queue pis les deux pistolets dans tite malette de bois là... Non, y s'est pas trop formalisé avec ça...pis, y'a pas compté jusqu'à 10 avant de m'étamper son poing dans face.

Les deux amoureux se regardent... moi, j'existe plus.

« Anouk, c'est pas ce que tu penses! J. Edgar Hoover avait, semble-t-il, un penchant pour le travestisme. J'ai émis la théorie qu'il était à la recherche de son anima féminin. » - « UNE animal tu veux dire! » - « Non chérie, on appelle ça l'anima...c'est la femme qui sommeille en chacun de nous et qui doit s'épanouir afin d'équilibrer nos chacras. Le ying et le yang, le sud et le nord, les constellations et les trous noirs, Lady Gaga et Michèle Richard! Je te jure mon amour, crois mois, je t'en supplie!... et aussi, heu, je voulais te dire, en passant, heu, j'ai lavé ton string. J'avais l'intention de te le redonner...» - « Cédric, c'est LA plus BELLE aveu que personne m'a jamais FAITE! Je t'aime! Prends moé tu suite!!! » dit-elle en l'empoignant passionnément. Ils sortent sans me dire au revoir.

On me tape sur l'épaule. Je me retourne en me protégeant le visage. Ouf, c'est le bouncer. -  « Écoute ben toi là là. Des faiseux de trouble, on en veut pas icitte. C'tu clair? Décalisse avant que je dise à mes chums de s'occuper de toi. » - « Oui, merci … heu j'men va là... ». Je l'écoute aveuglément...je décalisse!

J'arrive chez moi. Je déprime un peu. Là, mes options se sont toutes envolées. J'm'enligne pour un célibat de longue durée...un célibat « tantruc » comme à dit... LOL! J'ai déjà un bleu qui part de la machoire et qui se rend jusqu'en dessous de l'oeil. Ça l'air qu'y faut mettre une tranche de steak pour que ça guérisse. J'ai juste du balooney... ah pis tant qu'à être cave...


À +
Le Chien Perdu

jeudi 12 janvier 2012

C'est pas ce que tu penses...


Je suis debout dans mon salon et j'entends un gémissement. On dirait quelqu'un qui rampe. Soudainement, la nuit fait place à un soleil de plomb qui transperce mes pleins-jour. Elle est là, nue, devant moi, à quatre pattes avec une balle de tennis dans la bouche... C'est Anouk!!!! Elle parle mais je comprends rien...rien d'exceptionnel finalement. Bon... Elle a un collier et on la tient en laisse... C'est Sophie! Et y'a Cédric qui nous offre des Daïkiris aux bananes...il porte une jupe...ah je l'savais!!! J'ai vraiment peur! « Choisis trouduc! » de me dire Sophie. Je regarde derrière elle. Ouf! La craque dans le mur du salon est pas là! C'est juste un rêve car les pièces sont toujours parfaites dans mes rêves. Alors là, je me sens courageux. -« Sophie, c'est pas ce que tu penses! » -« Tu n'es qu'un salaud! » crie-t-elle en portant à mon visage sa main aux ongles démesurés.

« Miaou! »

J'ouvre les yeux. C'est Baklava mon chat qui veut encore se faire flatter. Et un coup de griffe sur le nez est un moyen très efficace pour donner son 4% à Morphée. Ça lui prend à toute heure de la nuit. Cette fois, il est quatre heures. Évidemment, c'est l'effet domino. Mon chien se met à chialer car de son côté, sa vessie s'est aussi réveillée. Pis l'autre imbécile de félin qui me regarde en ronronant sans arrêt, tout content d'avoir mis les habitants de la ruche à son diapason. Je ferme la porte de ma chambre depuis un mois mais celui qui est trop imbécile pour lire l'heure est par contre, foutrement fûté pour ouvrir une porte. Au pire, quand mon chien fait de l'insomnie, je peux toujours aller le faire courir dehors en début de soirée. Mais le chat...esti! Ça fait des sprints à 2h AM, ça se fait les griffes où bon lui semble... Mais un chat, c'est presque parfait. Agile, équilibré, fûté...y'a même l'air intelligent et sûr de lui.

Je me lève. J'ai l'impression de peser 3 tonnes mais je me lève pareil. Quiconque a déjà eu des enfants sait que se lever à toute heure de la nuit, c'est comme le vélo. Une fois que tu l'as appris, tu le sais pour toujours. Pendant que le clébard fait sa pisse et que le chat n'a plus d'autre opération dans son système parce qu'au fond, c'est assez cave un chat quand ça a rien devant lui, je me prends un verre d'eau. Semble-t-il que de boire de l'eau après un rêve nous rafraîchit la mémoire de celui-ci. Pis Anouk, le souvenir de ses seins est un peu flou. Je prends donc deux verres d'eau.;-)

Je retourne me coucher. Mon chien Ali croise mon regard et semble reconnaissant. En fait, il n'est que le reflet de ce que je pense parce qu'un chien, c'est content ou fâché. À part de ça, c'est sur « PAUSE ». Mais on regarde nos animaux et on interprète en ramenant tout à soi. C'est normal, ils vivent littérallement pour nous. On les aime car on s'aime à travers eux.

Ma place est demeurée chaude. J'ai pas vraiment exploré le côté droit de mon lit depuis mes longs mois de célibat. Bon j'ai fait l'étoile ben saoul une couple de fois mais sans plus. Parfois, j'ai encore l'impression qu'il y a quelqu'un. Mais c'est personne en particulier. Je dirais plutôt l'amalgamme de plusieurs femmes que j'ai connues. Quand t'es pas en peine d'amour et que tu t'ennuies de personne, c'est souvent le fantasme sexuel de base qui va prendre le dessus. On a une image réductrice du rapport homme femme, comme un gars dans le désert qui a pas bu depuis trop longtemps. Y cherchera pas de la Root Beer. Y va s'imaginer tout ce qui se boit, point.

Je m'endors plus, calvaire. Le chat lui, est en boule au bout de mon lit, même pas foutu de venir se coller sur un de mes mollets. Le p'tit crisse! J'ouvre mon portable et je prends mes courriels. « Enlarge your... », « Foreclosure Alert », « Would You Kiss Me? » et... un message de Nina33!?! Si Anouk n'avait pas eu ce surnom sur reseauchosebine.com, j'aurais jamais accroché sur sa fiche. Ça me faisait penser à Nena, la chanteuse allemande qui a fait le tube « 99 Luftballoons ». Je rêve de me faire Nena depuis que j'ai 13 ans... Même aujourd'hui à l'aube de ses 51 ans, elle me tordrait pas un bras pour que je tombe dans ses draps.

Intrigué mais en même temps, traumatisé encore par cet épisode vécu au Sacrilège y'a moins d'un mois, j'ouvre le message. « Dan, j'ai besoin de toi. J'ai de la peine. C'est fini avec Cédric. Je l'ai surpris à porter ma jupe stretchée avec ma camisole à paillette...je l'ai quitté, snif! Je veux en finir!!! Maudite vie sale!!! J'ai envie de me tirer devant UNE autobus!» Je sais pas si je dois rire, pleurer, l'aider ou ben jeter le message. Chu pas juste con, chu cave aussi... Mais j'me dis qu'y a rien de mieux que de voir les choses en vrai que d'avoir un souvenir flou...et je vais diminuer ma facture d'eau en plus LOL!

Le Con is back!!!

Bon, je lui réponds que je veux bien en discuter mais cette fois, c'est elle qui propose l'endroit. L'avenante rouquine me donne 3 choix : La Cage Aux Sports, Le Dooly's ou ben La Petite Grenouille. On voit qu'elle a pensé à moi car ses suggestions sont toutes sur la rive nord ;-). Est vraiment roulée Anouk mais loin de moi l'idée de profiter de la situation. Je vais me contenter de l'écouter, de l'appuyer et de... fantasmer seulement, promis!

Maudit chat à marde!!! Je sors de la douche et le crétin est bien étendu sur mon beau t-shirt noir semi-douchebag à encolure en V qui me va si bien. Épais... Là, y'est plein de poils! Pis mon chien, toujours prêt à participer à un concours d'imbécilité, s'est enfui avec un de mes bas. J'arrive trop tard. La chaussette est comme un gruyère. Pourquoi pensez-vous que, quand je vais aux USA, j'achète 12 paires de bas pareils? Les bas ici, c'est comme une chaise musicale : à chaque deux semaines, y'en a un qui débarque!

Je mets mon truc à bille à la vitamine C, tsé pour les poches sous les yeux. Je sais pas vraiment si ça marche mais bon, j'ai acheté ça sur l'avion en revenant de Cuba, dernier geste compulsif avant de retomber à -30 degrés. Je mets un peu plus de parfum, je passe le rouleau sur mon chandail... ben oui le con, pis tu t'en vas faire de l'écoute active! Mon œil!

J'ai choisi le Dooly's car jouer au billard en parlant c'est moins « contact » donc plus « safe » pour tout le monde. Anyway, je peux pas aller à la Cage car y'a un bon match de Hockey...c'est Boston. Pis moi c'est compliqué quand y'a une partie de hockey à la télé et ce, peu importe ce que je fais LOL!

J'arrive là avant elle. Je m'installe à une table et je me rappelle ma jeunesse où j'allais jouer en solitaire au Mundial à l'époque où le travail était toute ma vie... le même éternel défi de jouer avec juste le bon taux d'alcool dans le sang...assez pour pas trembler et pas trop pour pas voir double.

« Salut mon beau... » Je me retourne et elle se tient devant moi. Maudit qu'est belle! Elle s'approche et les traditionnels baisers sur les joues se transforment en une interminable étreinte où j'ai du mal à me contrôler... Le con est en forme et y veut. « Merci d'avoir accepté de me voir Dan... » Je fais le bon gars raisonnable mais au fond de moi, le feu est pris...

À SUIVRE …

Le Chien Perdu

mercredi 11 janvier 2012

Réseau Cons-Tartes, la suite...


Me voilà, rue Saint-Jean, 20 heures 15. Je m'accote devant l'Épicerie Moisan et je me dis qu'elle va me trouver pas mal narcissique de lui avoir donné rendez-vous devant un commerce qui porte mon nom. Si au moins c'était la business familiale! Je regrette, j'y ai pas pensé. C'est juste que j'adore aller là mais en couple. Tsé la tite épicerie où l'on arpente les minuscules allées, ça sent Paris, on est un tit peu « granol »...printemps 68, on fait l'amour tout nus!!! Je suis là, le dos collé au mur et j'attends. J'ai l'air suspect. Descends d'une couple de rues sur D'Aiguillon pis c'est certain qu'on me demande mon tarif LOL!

« Excuse moi... » Je me retourne et WOW! Une super pitoune! Elle se ressemble pas vraiment... « Auriez vous une cigarette? » C'est ça! Pète ma balloune calisse! Je peux même pas cruiser cette hasardeuse passante, je fume pas. « Merci quand même Monsieur » - « Heye toé! Monsieur là, c'est mon père ça!!!!! » dis-je outré et obsédé par la gérontophobie qui me ronge depuis au moins une décennie. Je me dis en mauvais perdant qu'anyway, est trop jeune, qu'elle aurait rien eu à dire pis qui sait, est peut-être aux femmes. 


De toute façon, qui peut résister à mon regard? Pas mal de monde finalement...

Je reprends mes esprits, redresse mon dos, rentre le ventre et avance un peu le menton, histoire de pas avoir l'air de Joe Clark. « Excuse, c'est toi Dan? » Oh, là on a affaire à la vraie patente. - « Nina? C'est ça? » - « Je m'appelle Anouk » Anouk...esti! Mon voisin avait une chienne qui s'appelait de même. Un grand chien roux, élancé, avec des oreilles de cocker...ça part mal. Est rousse pis élancée crisse! « Tu connais bien le coin? Je viens pas souvent, je suis de Saint-Jean Chrysostome. » Kossé ça Saint-Jean Chrysostome? C'était écrit Québec sur sa fiche. Je me demande nerveusement à combien d'autres approximations j'aurai droit ce soir! - « Écoute, Le Sacrilège, ça te tente? C'est un petit bar super sympa... » Elle acquiesse et nous remontons la rue tout en discutant de tout et surtout, de rien. Assis, ça ira mieux me dis-je...

Nous voilà face à face, regardant cette table faite d'éclats de céramique... une mosaïque qu'y disent. Pour moi qui a rénové à m'en exaspérer 1 cuisine et 2 salles de bains, ça a plutôt l'air d'un paquet de trouble à faire... C'est drôle. Depuis que je me suis tapé ces travaux, je regarde de façon presqu'obsessive les carreaux dans les salles de bain de bars ou les planchers des restos...ça m'encourage car c'est loin d'être drette leur patente... « Ça va? » dit-elle, me sortant de mon mantra Home Dépôt. « Oui, oui! Je me demandais seulement si c'étais préférable que j'aille commander directement au bar » Elle me regarde d'un air sceptique. J'ai dit ma première mentrie...c'est quand même mieux que de répondre « Moi à leur place, j'aurais pris un coulis taupe pour leur mosaïque » Le serveur arrive, de toute évidence, un admirateur des Cowboys Fringants avec son petit look « sac à puces urbain ». Le monde est pas mal « sciences molles » ici. Des barbus aux lunettes rondes. C'est quoi le trip d'avoir du poil de même? Ça donne à ces universitaires un air érudit? Ça fait plus Père Noël dans la vingtaine ou Gi Joe obèse et Bolchévique tant qu'à moi.

C'est vrai, je suis avec quelqu'un!!!

« Dis moi, heu Anouk, (woof woof)... » Je pars à rire... cibole!!! - « Ça va? » - « Oui, oui. C'est que y'a un capoté qui vient de passer dans rue à moitié nu...le monde est bizarre hein? » Bon, deuxième mentrie. « Tu bois quoi? » - « Une Molson Dry ou ben une Labatt Bleue » Je me demande sincèrement si ils ont ça ici... -  « C'est sûr que notre spécialité, c'est les micro-brasseries mais je crois qu'on tient la Dry » de répondre avec dédain et condescendance...tiens, appelons-le Cédric...y'a une face de Cédric ou ben de Tristan. « Et vous monsieur? » - « Hé bien...bon, heu...même affaire... » lui dis-je avec un air totalement résigné mais solidaire.

« Tu m'as dit Anouk que tu travaillais dans le domaine de la santé...dans une clinique médicale? Physio? » -  « Non, chu dans le domaine pharmaceutique. Je suis chez Jean Coutu. Je suis cosméticienne en chef. » Ah ben calvaire... on trouve de tout, même une arnaque!!! Je suis un peu déstabilisé. Mais bon. Contre mauvaise fortune, bon cœur pis à peut aussi ben m'avoir un escompte sur mes capsules d'Oméga 3. -  « Toi Dan, tu es musicien? Moi, mon père y'avait UNE orchestre pis y'avait UNE hôtel dans un village qui l'engageait la fin de semaine... UN heure dans UNE autobus que ça leur prenait pour monter là... » Elle a déjà terminé sa bière. Moi, j'ai deux gorgées de pris et je me demande comment mettre fin à ça au plus vite mais en même temps, le con trouve qu'elle a une pas pire shape pis ça fait un bout de temps qu'il a pas... « Là, t'es mon troisième c'te semaine pis j'te dis mon beau que t'es en avance! » Osti, non! « Pis c'est drôle hein? On se parlait du gars, tsé Allen, le gars des films. J'ai pogné la vue dans laquelle y fait le Père Noël. Maudit que c'est bon! » Ah OK... C'est pas Woody Allen, c'était Tim Allen. Ça me décourage mais en même temps, ça fait du sens.

-  « Salut Dan » me dit la belle Sophie sortant de nulle part et affichant un air totalement déçu. On a necké ben chauds dans un party mais je croyais pas que je l'intéressais. Pourquoi elle est ici là, en ce moment? Elle me regarde comme on regarde un con. Anouk me regarde aussi, tel un setter anglais qui pointe. Elle me prend les mains et dit « Chéri, tu nous présentes pas? »

Là, je vas pas ben pantoute. Sans que je m'en rende compte, ça fait 4 bières qu'elle prend pis là, est willing en sacrament! Sophie nous quitte, se disant qu'elle est trop bien pour moi et que somme toute, c'est aussi ben de même. Anouk, elle, me fait le grand jeu en se mordant la lèvre inférieure et en me fixant du regard. Moi une tarte, j'aime ça froid. Une tarte chaude, chu pas capable, surtout dans un bar... Mais maudit que j'ai envie d'être con! À sent bon en plus... Je résiste. « Chez vous ou be donc chez nous? » me dit-elle, le tout entrecoupé de hocquets et avec pour finale, une éructation qui n'a rien à envier à celles de Bart Simpson.

- « Je peux pas, j'ai un gros contrat demain, je dois me lever tôt » Troisième mentrie. - «  Coudonc, t'es tu fiff esti? » Le con me dit de sauver la face en lui pognant les fesses... - « Y'est pas fiff, y'est juste ben con! » de renchérir Sophie en sortant du bar « Bonne nuit, trou de cul... » Là je me rappelle! Ben saoul, je lui ai dit « je t'aime, t'embrasse bien, j'ai jamais trippé avec une fille de même »...du baratin de con finalement. Je me lève - « Je vais aux toilettes » J'avais gardé mon coupe vent et au lieu d'aller me soulager, je débarrasse...je m'en vais sous le regard autant médusé qu'amusé d'Anouk qui est complètement pactée...

Je rentre chez moi et j'allume la télé. L'adrénaline doit baisser avant d'aller au dodo... Y'a un film : American Pie...

Pis pour Anouk, je l'ai vue l'autre jour...elle promenait un chien...avec Cédric ;-) !!!

À +
Le Chien Perdu