samedi 21 janvier 2012

La tempête


Quand j'étais petit, je me prenais pour Luke Skywalker de la Guerre des Étoiles. C'était mon « role model » de choix. Il était chétif, honnête, loser mais il est finalement devenu le héro. Du haut de mes 10-11 ans, de ma « chétivité » et de ma « loositude », je m'accrochais à ça en me disant que le meilleur s'en venait pour moi. Le meilleur, y'est arrivé beaucoup plus tard, pour Luke comme pour moi pis on a fini à peu près pareils : célibataires esseulés avec notre épée laser pis ben des trucs de pas réglés avec notre père LOL!

À chaque fois qu'il fait tempête, je pense à Luke, jammé dans un banc de neige, sur une planète au climat polaire dans l'épisode « L'Empire contre-attaque ». Il est blessé, perdu, confus, a des visions, il se sent seul et désemparé pis y tombe dans les pommes en prenant un dernier bon bouillon de marde blanche.

C'est la fin.

Ben non, c'est pas la fin! Y se fait sauver pis ses aventures continuent. Au bout du compte, ben, y gagne.

7h AM. L'ostie de sonnerie Marimba de mon Iphone me rappelle qu'il faut se lever. Anyway, impossible de passer tout droit ici. Quand c'est pas l'alarme, c'est le chat qui va s'en prendre à mon nez ou ben à mes pieds ou ben le clébard qui va me mettre son foutu museau mouillé dans face en pleurnichant pour aller servir sa limonade sur la neige. Ce matin, c'est tempête...dehors pis en dedans. Je peux pas croire que je vais passer en cour pour avoir troublé l'ordre public. Je me lève et j'men va pelleter. Pas le choix, si je veux pas en plus, me faire poursuivre par le facteur LOL. J'ai le dos scrap alors je prends une plus petite pelle, conseil No 1 pour ceux qui, comme moi, ont les yeux plus grands que la panse. Attention aux excès de courage. Luke Skywalker, ça lui a coûté sa main quand même. Mais qui dit « petites bouchées » dit « long repas ». Je déblaye, je pelle... on dit tu pelle? Pèlete? Pelte? En tout cas, je mets la neige ailleurs que dans le chemin! Curieuse, cette tempête...il fait déjà soleil. J'arrête, je respire et je sens la chaleur de l'astre sur mon visage. Le printemps n'est pas si loin que ça. Le printemps, c'est la vie qui revient, c'est les belles filles en jupe, c'est l'envie de changer de char qui nous pogne... Je rêvasse encore et encore...Je me remets au boulot.

« Daniel L. Moisan?  Êtes vous Daniel L. Moisan? » J'ai la chienne. Un grand gaillard en manteau noir se tient devant moi sur mon terrain. Il a de la neige jusqu'aux genoux... et plus encore, car il vient de manger ma dernière pelletée...je regardais ailleurs, désolé. Je sais pas quoi répondre. D'un coup qu'y vient ici pour me kidnapper, me menacer ou ben me tuer? Mon chien grogne...c'est mauvais signe...mais juste assez cependant pour que Monsieur « Men in Black 5 » se tienne à une certaine distance. Y'a le chat dans la fenêtre qui veut bien nous faire croire qu'il suit notre conversation... Pauvre Baklava! - « Heu, oui? » - « Gérard Girouard, Avocat. Je viens vous remettre un document ou plutôt une proposition de la part de Madame Stella Price, la dame à qui vous avez causé un tort irréparrable en hurlant comme un damné sur le chemin Saint-Louis. » - « Faites-moi part de votre proposition mais je vous avertis, je couche pas avec personne OK? » Fallait que ma phrase s'arrête là parce que j'étais sur le point de recrier. - « Calmez-vous jeune homme. En gros, Madame Price accepterait de retirer sa plainte à la condition que vous lui consacriez du temps cette semaine et que vous l'accompagniez dans ses allées et venues. Vous pouvez même emmener vos animaux de compagnie. Pas de chichis, pas d'attrape, vous lui faites la conversation et la suivez dans ses déplacements. Ça vous va? » Ai-je vraiment le choix? -  « Bon ben OK! » dis-je sans trop me questionner. Anyway, ça peut tu aller plus mal? - « Un chauffeur passera vous chercher demain. Soyez prêt... sept heures. »

Le lendemain arrive. Comme s'ils avaient compris de quoi, mes animaux sont assis, dans le portique...manque juste deux petites valises... Une limousine arrête devant chez moi. Moi qui a toujours rêvé que la musique et le succès fasse de ce véhicule mon principal moyen de transport...ben non, c'est plutôt mes conneries qui me valent cet honneur.

Me voilà sur Grande-Allée. J'ai l'impression d'être un Gino qui fait la tournée des grands ducs avec un chauffeur pour épater la galerie... Ça doit quand même être le fun de s'envoyer en l'air là-dedans... Quelle impression de pouvoir... La limousine est le cocher du 21e siècle...avec l'air climatisé, le mini bar pis les vitres électriques par contre LOL. On entre dans les vieux murs de Québec. Je me demande bien où elle habite. Je pensais me ramasser dans un foyer. Malgré que c'est une Jaguar qui a pogné le poteau pis là, chu dans une limo. On entre au Château Frontenac...sacrement!

On passe même pas par l'entrée principale. On prend un petit ascenseur qui nous mène au 6e étage. La porte ouvre et me voilà directement dans un « living room » avec vue sur le fleuve. « Bonjour M. Moisan! » me dit une bonne...oui oui! Une vraie bonne habillée comme dans les films de cul! Wow!!!! Rouquine avec le plumeau pis toute là! « Madame Price vous attend. » - « Je fais quoi avec les animaux? » -  « Vous me les laissez, on va s'en occuper... » Pis mon petit animal lui, t'as pas le goût de t'en occuper? me dis-je tout bas ;-) Coudonc, à lit tu dans mes pensées?...à me regarde bizarre. 

J'entends du piano qui se fait de plus en plus fort à mesure que l'on arpente la pièce et le petit couloir menant aux quartiers de Madame. C'est « Clair de Lune » de De Bussy. Maudit que c'est beau. Je dirais n'importe quoi sur cette trame sonore : je t'aime, adieu, j'te veux, on se call tu une pizz?...anything! On entre dans cet espace chaleureux aux murs et au plafond de bois coffré avec un plancher aux essences variées, le tout,  vernis à la perfection. Elle est là à jouer passionnément...elle nous entend, elle s'arrête et se retourne.

« Dan Louis! Le fameux Dan Louis! Vous voilà enfin. J'en ai appris beaucoup sur vous, vous savez? Je suis peut-être vieille mais je sais "Googler" ! Entrepreneur, musicien, écrivain mais... » Osti, dis pas trou de cul, s'il te plaît, dis pas trou de cul OK? « t... » Ah crisse! « T...rop peu confiant, malheureusement! » À se prend pour qui calisse? Ouin, avec le cash qu'elle a, à doit sûrement être un peu quelqu'un... Ses yeux ont encore 20 ans malgré qu'elle ait le double de mon âge. Elle se lève et dépose sa tasse de thé sur son Steinway à queue.

Elle se dresse devant moi... le chauffeur est parti. Osti!!! elle laisse tomber son peignoir! J'ai tu vraiment envie de voir ça? « Dan, regarde moi »... Calvaire...

À SUIVRE...
Le Chien Perdu

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