dimanche 22 janvier 2012

La tempête...la suite


Ouch!!! À chacun sa vision de l'apocalypse. Saint-Jean, Saint-Malachie et Nostradamus ont eu la leur...là, moi j'ai la mienne. Quel intérêt, autre que scientifique, aurais-je à contempler la nudité de cette femme qui serait même trop vieille pour être ma mère? D'un point de vue humain et artistique cependant, elle me coupe le souffle tant elle est fière de ce qu'elle est...bien des femmes de 25 ans n'ont pas cette assurance dans leur plus simple appareil. « Serais tu capable d'en faire autant jeune homme? » Je ne réponds pas et je sais que ce n'est pas de la séduction mais plutôt un défi qu'elle me lance. « Tu sais, à ton âge, j'étais très « chick » comme vous dites! Toi, t'es plutôt poule mouillée à ce que je vois » me lance-t-elle en se rhabillant. Stella 1, Dan 0. Une vieille sage va me faire la leçon cette semaine...Je serai son Luke, elle sera ma Yoda!

Nous voilà dans la pièce principale et la bonne est à quatre pattes entrain de jouer avec Ali. Une bonne à quatre pattes! Moi le con, évidemment que je fantasme. Stella a un détecteur de cons je crois car elle me prend le bras en me disant tout bas « l'insignifiance a beau être belle et à quatre pattes, c'est quand même de l'insignifiance...Allez, jeune Duc en ruth, allons marcher un peu ». Je constate évidemment le vide mental chez cette jeune nymphette qui s'amuse à essayer de créer un contact intellectuel avec mes R2D2 et C3PO, Baklava et Ali. Mais une chance que l'insignifiance a un beau cul, sinon, elle aurait quoi?;-) Cul pas cul, Ali était enchanté d'avoir une bonne poire pour être à l'affût de ses moindres désirs.

C'est drôle se promener dans le Château et de se faire regarder avec crainte par le staff. On a tous un tit air « cocky » quand on est VIP. On se pense important, surtout tsé, quand on a la passe backstage dans le cou au festival d'été ou ben au show de la Saint-Jean. Un carton plastifié qui nous distingue du pauvre peuple. Pour moi la traduction de VIP ça a toujours été « Very Important...Profiteur ». Mais le troupeau, y'a ben plus de fun sur les plaines. Y regarde le show pis y trippe solide. Les VIP, on regarde si le monde nous regarde, on a de l'attitude et on cherche plus important que nous pour faire des contacts car le VIP n'a qu'une importance circonstancielle et éphémère. Enlève Stella de l'équation en ce moment pis avec mes cheveux longs pis ma barbe de 3 jours, on m'intercepte pour vagabondage. Là, avec elle, on me lèche les bottes. « Daniel » Ah ça j'haïs ça me faire appeler de même! Quand une fille m'aime pu, c'est ça qu'à me dit. Avant, c'était Dan, chaton, ti pet...mais Daniel, ça ne signifie qu'une chose : la fin! « Tu sais jeune homme que tout ce respect, je l'ai mérité une personne à la fois? On me traitait de potiche jusqu'au moment où mon mari, John D. Price tombe en burn out. » En tout cas, il avait le nom pour ça me dis-je en riant tout bas LOL. Le regard de Stella me fascine car il ne m'est pas étranger. Ce sont les vrais battants qui ont tous ces yeux ou bien ceux-là m'ont ils déjà croisé?

« J'aime bien faire les petites boutiques ici, même si tout est hors de prix. Pauvres touristes! Viens, on va s'asseoir ici dans la verrière du resto. » Je regarde la terrasse et le fleuve glacé. Je me commande une limonade sous le regard abasourdi de mon aînée qui se commande un Scotch. Je vois bien qu'elle n'y comprend rien. Je lui souris et m'explique. - « C'était l'été, il y a 5 ans. J'étais sur la terrasse de ce resto, convoqué par une cliente de Toronto. On ne s'était jamais vus. Je suis tombé en amour le temps d'une limonade. Le fleuve était turquoise comme ses yeux. Le temps s'est arrêté. J'avais pris ce jus d'agrumes au fond grenadine car je voulais pas passer pour un alcoolo en me callant une bière ou un fort. J'étais comme un mineur qui découvre de l'or...mais pas sur son terrain...c'est comme ça que je me sentais. Je la trouvais trop bien, trop belle, trop hot pour moi. » - « Et elle l'était probablement! » de me répondre sèchement mère grand. Je la regarde un peu en crisse mais elle a pas tort. « L'estime de soi, c'est l'agence de voyage de la vie. Elle a le pouvoir de t'emmener au bout du monde ou bien nulle part. À toi seul de décider. Moi, quand j'habitais cette vieille maison en haut de la côte sur la rive-sud et que j'ai tenu tête à ce Price qui voulait m'exproprier pour construire des cages à poules en 1972, jamais je n'aurais cru que cette confiance en moi le séduirait et en ferait mon mari. Et malgré ses entourloupes et ses jeux de séduction au fil des années, ma vieille maison est toujours là et lui, non » dit-elle en éclatant de rire mais en se signant immédiatement de la croix. « N'attends donc pas de ne plus être là pour avoir ce que tu veux...surtout quand tu as tout ce qu'il faut pour l'obtenir, jeune blanc bec! » Stella 2, Dan 0.

Nous voilà de retour dans ses quartiers. Mais pourquoi c'est pas moi que la bonne embrasse? Mon chien, y'aime même pas ça! Quel gaspille. Et Baklava qui fait ses griffes sur le manteau de cachemire du chauffeur qui lui, a la face dans son journal, attendant les ordres de Stella, tel un pompier dans sa caserne. Elle me ramène dans sa chambre ou dois-je plutôt dire le gymnase où elle dort LOL! « Attends moi ici j'ai un détail à régler et je reviens. » Ce qu'elle a un beau piano! J'aurais le goût d'en jouer mais je veux pas déranger. Heye! Ça suffit Dan! Affirme toi! Elle va voir la Stella de quel bois je me chauffe! Le Dan pas de fierté pis pas de courage, ben y'existe plus!!!

10 minutes plus tard, elle revient. Je lâche le piano, me lève d'un trait et me retourne fièrement. « Daniel! Mon Dieu! Heu...je vous présente Matako Washishi, président de SYNO Music... » Tabarnak, chu tout nu calisse!!! Je voulais lui remettre la monnaie de sa pièce...Heye, là ça va pas ben... Tsé l'expression « Timing is everything »? - « De-De-De-De-Dan Louis, Mosquito-B! » lui dis-je en lui serrant la main et en me cachant Léo Labine de l'autre. Le Japonais comprend rien et quitte poliment après avoir pris une copie de mon album et me fais un signe de tête tout en disant un barratin de son pays qu'on peut facilement traduire par « Don't call us, we'll call you ». Dan....ZÉRO!

On ne parle plus. Y'a rien à ajouter. Je la remercie quand même... Je me rhabille et on convient de se revoir demain matin à la même heure. La bonne a presque les larmes aux yeux de devoir quitter Ali...moi, elle me dit « à demain » aussi sexy qu'une caissière du Jean Coutu crisse.

J'entends les marimbas de 6h. Ça ne me dérange pas. Je veux poursuivre cette quête car de toute évidence, après mon « move » de trouduc d'hier, ma formation de Jedi est loin d'être complétée. J'ai fait un drôle de rêve. Y'avait mes parents qui allaient me reconduire chez la gardienne et me donnaient un toutou pour m'engourdir dans l'auto...ils quittaient pour la Gaspésie avec les autres enfants plus grands, moi je n'avais que 3 ans. Et je vois les yeux de Stella...ils sont partout et Hop! Me voilà éveillé.

La limousine arrive...Heye, j'te dis que les voisins vont mémèrer là! Tsé, une limo, un jour, ça peut être un concours. Mais là, deux jours en ligne, je ne peux être autre chose qu'important.;-) Je laisse le zoo à la maison cette fois...si je veux finir par attirer l'attention de la bonne!

Le chauffeur est livide et n'entend pas à rire. « Madame Price a eu un accident vasculaire cette nuit. Elle est hospitalisée et désire vous voir... » J'ai vraiment chaud et je suis inquiet... J'arrive aux soins intensifs et ne remarque même pas la bombe sexuelle qui se tient là avec son stéthoscope dans le cou... Comment puis-je dire que je ne la remarque pas? Je viens de la décrire calisse! En tout cas, je ne m'y attarde pas! Je croise un curé avec une étole pourpre dans le cou...ça ne dit rien de bon. J'arrive au chevet de Stella. Elle est sur le respirateur qui fait le même bruit que Darth Vader. Elle me sourit et me dit « Daniel, j'ai été...ta mère! »

Moment dramatique!

Oui! Le rêve...c'était ça! Ma gardienne s'appelait maman Lorraine et elle habitait en haut de cette côte à Saint-Romuald, dans cette vieille maison. Elle s'était bien gardé, cette jeune étudiante universitaire et avide de se reproduire, de dire à mes parents qu'elle passerait son samedi avec Serge, jeune barbu étudiant le droit. Elle avait demandé à la proprio de prendre la relève...c'était Stella. Les jeux, la musique, le petit piano jouet...tout me revient! Elle a probablement fait le lien entre nous avec les papiers de la cour... « Mon petit Daniel, le seul bébé que j'ai eu dans ma vie...je t'aime... » Je lui souris, lui tiens la main et l'embrasse. « Tu souhaites quoi dans ta vie Daniel? » je la regarde et j'ai les yeux pleins d'eau car je n'ai qu'un mot en tête : bonheur. Me semble qu'il est loin des fois le bonheur... Je ne parle pas...chu pu capable de parler. Elle me regarde et me dit « Heureux, tu seras, tu l'es même déjà... » en poussant son dernier souffle.

J'ai jamais vu personne mourir. Ça fesse en crisse. Elle n'est plus là mais elle sourit. Elle a quitté totalement heureuse. Moi je sais pas où j'en suis mais je sais que j'ai bougé. Je dis au chauffeur de laisser faire, que je vais rentrer à pied. La neige est douce et la vague de froid est partie...la tempête est finie et je respire cet air si précieux, cet air que l'on croit acquis pour toujours. Je souris, les larmes aux yeux.

Elle m'a légué un truc, une chose pis malheureusement crisse, c'est pas la bonne ni la limousine. Seulement une petite étoile de mer avec un mot : « Daniel, il est long le chemin entre le fond de l'océan et le firmament. L'étoile, c'est toi et le ciel t'attends. Brille de tous tes feux, il n'en tient qu'à toi. Je t'aime, Stella. »

À plus
Le Chien Perdu

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