vendredi 12 octobre 2012

Le dérailleur


Bon, me v'là encore sur réseauchosebine.com. Depuis 8 ans, j'ai bien dû avoir 40 fiches là-dessus. Mes séjours y ont toujours été de très courte durée, de 24 heures à un mois, tantôt pour voir ce que le marché a à offrir, tantôt pour voir si mon offre vaut de quoi LOL! Mais ce qui me fait capoter, c'est que depuis 8 ans, peu importe le moment où j'y suis allé, y'a des filles qui n'ont pas bougé... la même crisse de photo. Ou d'autres que je crois replacer mais avec quelques livres et rides en plus. Réseauchosebine, c'est une cour à scrap, c'est le Pintendre auto du « dating »... Modèle 69 à vendre... pour les pièces...;-(

Pinto74... tiens donc. Ah! Elle aime le vélo et moi... ses cuissards... on est faits pour s'entendre! Joli minois. Une belle d'Ivory... un esprit sain pis... des beaux seins. Je tente ma chance! Elle me répond! « Tu sors de ce qu'y m'intéresse habituellement mais j'aimerais bien qu'on se voit. » Ah pis elle travaille dans les communications. Ça devrait faire un bon match.

Je suis assis au Boudoir sur Du Parvis et je l'attends. J'aime bien l'endroit ici. J'y ai donné plusieurs shows et j'y ai bu plusieurs bières aussi! Je vois quelqu'un au loin qui entre... cibole! Un body plus racing que ça, ça n'existe pas! Elle a l'air d'Olivia Newton-John à la fin de Grease là. Elle est passée de Madame North Face à Sex Bomb! Ça y est, je suis intimidé... le shake me pogne. « Salut... Daniel? » me dit-elle hypocritement, elle qui m'a reconnu dès son premier pas dans le bar. Elle s'appelle Suzie.

« Moi, tu sais, je suis une femme très organisée et très active... et toi? » - « Moi je... moi je... » Je pense à ma vaisselle qui traîne pis mon bike dans le sous-sol pis mon... osti! J'ai oublié de mettre les vidanges au chemin!  « J'aime bien, euh oui, heu, l'organisation, oui euh, tout à fait... voilà! » lui dis-je d'un ton si peu convaincant qu'on dirait que je suis un candidat du parti vert qui fait un discours devant l'industrie des sables bitumineux.

La soirée se déroule bien, je dois dire. On ne voit pas le temps passer. Elle est allumée pis très drôle et je crois que je l'attire aussi. Je me sens conquis mais j'ai un doute. J'ai toujours des doutes de toute façon! Maudit que chu fatiguant, calvaire...

- « Dan, je trouverais ça cool d'aller faire une ride de vélo avec toi. Que dirais tu d'une petite escapade à l'île d'Orléans? » - « Génial! À quel moment? » -  « Ben... demain! » On se lève, légèrement avinés et on sort du bar sous le regard envieux du barman. Elle me prend le bras. Moi, une femme qui me prend le bras comme si j'étais son roc, ça me fait craquer. Je vais la conduire jusqu'à son véhicule et là, SMACK! Elle me vole un de ces baisers que j'en perds mon latin. Anyway, mon latin, y'est pas dur à perdre, j'avais 38% dans cette matière au secondaire.

Je marche sur St-Joseph et je flotte. Je me sens en pleine forme et je m'imagine la prendre dans les champs de blé, ces hautes herbes dorées, entourées de vallées, respirant l'air du Midi... je file Pagnol pardi!!!!!!

6h 30 du mat et me voilà debout, contemplant ma déchéance dans le miroir depuis une demie-heure! Mon linge de vélo me fait moins bien disons. Les cuissards, ça va. J'ai jamais vraiment perdu mes jambes de l'époque où je pédalais presque jusque dans mon sommeil tant j'étais accro. Le temps passe faut croire. J'ai l'air d'un balooney. Je peux pas aller là de même. Oups! Un texto arrive. C'est elle! « Comment va mon héro du samedi? » Mon héro, mon héro! Tabarnak! Méchant amalgamme. Les cheveux de Thor, le corps de Tony Stark pis la bedaine de Hulk viarge!!!!! Mes animaux me regardent très curieusement. J'ai l'impression qu'il rient de moi. Le texto resonne. « Je pars là. Rendez-vous en haut de la côte, au casse-croûte;-) »

« T'as pas de vélo de route? » me dit-elle, regardant mon vélo de montagne mais tout de même chaussé en pneus hybrides. « Pis ta veste North Face... t'as pas peur d'avoir chaud? » - « Non, non... je suis frileux le matin comme ça et j'étais pas sûr de la température » dis-je en regardant un nuage d'environ 200 pieds carrés dans un ciel totalement bleu... maudit cave! Je suis déjà tout en sueurs mais je peux pas me montrer, c'est hors de question. J'aperçois un VUS Land Rover faire son entrée sur le stationnement. Deux osti de dopés du US Postal qui débarquent dont... l'ex de Suzie. Sa présence là n'a pas l'air d'un hasard. Suzie est contrariée... Pis c'était quoi l'idée d'écrire sur son Facebook qu'elle faisait du vélo à l'île avec Daniel L. Moisan... crisse!!!!

Le gars me regarde avec une haine que je n'ai pas sentie souvent dans ma vie. Tu vois que Suzie est embêtée car elle semble vouloir me protéger de cela mais au fond, elle a un peu honte car elle compare et physiquement, je ne fais pas le poids. Contre toute attente, elle me prend et m'embrasse langoureusement devant le regard pétrifié de... de qui donc? Appelons-le Jörg. Y'a l'air d'un Jörg. Là, ma veste ne descend pas plus bas que la taille et si ça continue, le devant de mon cuissard va me trahir. Le motté me salue en se disant probablement que c'est sur la route qu'il va me régler mon cas.

Les gars niaisent et attendent, de toute évidence, qu'on prenne le départ avant eux. Suzie passe devant et moi j'ai une vue superbe sur son... réflecteur arrière.

D'après moi, elle a un moteur de caché quelque part parce que là, elle semble inépuisable et mon orgueil commence à prendre le dessus sur mes réelles capacités. Je me sens vraiment comme dans un sauna. Quand elle se retourne je lui fais le plus hypocrite des sourires et quand elle me parle, je fais le sourd car, trop essoufflé, je crois pas que je serais capable de dire un seul mot.

La vue de la côte de Beaupré est époustouflante. Pour avancer, je m'accroche à ça et à son... réflecteur. Soudain, tel un Yoda qui file pas ben, je sens des perturbations dans la force. J'entends même la musique de Jaws dans ma tête. Je me retourne et j'aperçois deux locomotives au loin qui me regardent tel un homme à abattre. Moi, je pédale et je regrette de pas m'être apporté une paille car si je la rentrais dans mon manteau, à la quantité d'eau qui s'y trouve, je pourrais facilement réhydrater une momie égyptienne. Le soleil plombe et je n'en peux plus mais... Dan est un cave donc il continue!

Quelle défaite je pourrais trouver pour qu'on prenne au moins une petite pause? Elle se retourne, me sourit et me dit « On se fait un petit sprint? » Comment un sprint? C'est pas ça qu'on fait depuis t'à l'heure? Oh! Elle ne sourit plus. Elle vient d'apercevoir elle aussi Lance Tremblay pis Gaétan Contador. Ça y est! Ils sont à 10 coups de pédale de nous. Suzie s'échappe et moi... ben je l'échappe!

Ils sont les deux de chaque côté de moi. - « Ouin la tapette, tu roules pas vite » de dire Jörg d'un ton arrogant qui veut ma perte. Moi le paumé, je le regarde et je souris. Trop essoufflé, pas capable de parler. Là chu comme dans Ben Hur mais chu pas Charlton Heston. Chu tsé, le cave que personne remarque et qui se plante en premier? Là, Jörg arrête pas de me regarder la jambe. Ben oui j'ai du poil calisse. T'es ben chanceux de te faire les jambes à cire avec ta mère... moi j'ai d'autres activités. Y serre les dents en regardant ma roue arrière. C'est tu mon dérailleur? Moman! Je break raide juste au moment où il s'apprêtait à me kicker. Ben là, y kick dans le vide, son pote l'évite, y prend le clos pis Jörg prend d'un coup l'asphalte pour une râpeuse. Sa jambe voit rouge soudainement.

Suzie s'arrête et se retourne. Elle me voit, trônant sur mes deux rivaux dont les bécanes sont tellement maganées qu'il vont devoir faire le trajet de retour à pied. Je look hot en crisse. Mais je file étourdi, je... je... dégueule comme un con mon smoothie sur le bitume. Un beau Jackson Pollock rose sur fond noir.

Je sens plus mes cuisses pis... oh viarge que j'ai envie de pisser.

Elle m'a quand même dompé la Suzie. - « Dan, je croyais qu'on se faisait un sprint... » Ben oui ma belle... T'es tellement bien organisée que tu m'as délégué la gestion de ce conflit à la perfection. Jörg reprend ses esprit... - « Toi, on va te péter la... » Osti! Suzie se repousse!!!!!! Et moi, j'assène au colosse un coup de pied qui le rejette au sol, je tourne les talons et je pédale... crisse! Y court aussi vite que j'avance... Là, me v'là rendu dans Terminator, tsé, quand le pas beau martien aux oreilles décollées court après un char? Il s'approche dangereusement. Je vois un chemin de terre et je pique à gauche sous le regard abdiquant de l'éféminée gazelle dont les tits souliers de becyk à claquettes ne peuvent encaisser les affres de la trail.

Y'a plus personne qui me court après mais je me donne comme je me suis jamais donné. De chaque côté de moi le blé doré qui suit le chemin que lui trace le vent qui lui, frappe mon visage sans merci. Devant moi le fleuve et ce qui reste de ma vie. Je ne veux plus de cette urgence d'aimer. Je veux être seul... Tout ce que je veux, c'est réussir un jour à dépendre de MOI!!!!!!!!!!

J'arrête, je sors mon iphone je vais sur réseauchosebine et je détruis ma fiche! Je lève les bras au ciel en y projetant mon manteau qui me libère de l'enfer des complexes. J'ai vaincu! Je suis Rocky Balboa en haut des marches de l'hôtel de Ville de Philadelphie! I'm the King of the world!!!!!!

- « Heu pardong? Vous êteeees d'ici? » Cet accent du midi résonne comme de la musique dans mes oreilles. Je me retourne. Calisse! La sosie d'Emmanuelle Béart accompagnée d'une amie moche... Deux touristes françaises qui me semblent perdues. « Nous cherchong la maisong e de Félixe e Leuclerc. Vous savez où c'ést? » - « Certainement! Vous savez, je suis moi-même chanteur... » ...Et certainement, pas mal cave aussi...

À plus!

Le Chien Perdu




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