mardi 15 janvier 2013

Lose Your Love!


C'est mon troisième party et il est 1h AM. Curieux jour de l'An que celui qui a dit au revoir à 2012 et bienvenue à 2013. J'ai pas écouté le Bye Bye et ça fait maintenant 5 heures que je suis sur la Becks sans alcool. Me voilà, totalement à jeûn mais je tiens à aller saluer ma gang du Cactus... après tout, à se voir à chaque semaine, on finit par se sentir comme dans la famille. Sobriété et party ne vont pas de pair... du moins quand tout le monde est ben saoul sauf toi. Dire que y'a une semaine, j'étais dans la verdoyante et pluvieuse Angleterre à philosopher en compagnie des cygnes et des oies sur le bord de la Tamise. J'avais écouté « Rome, I love you » de Woody Allen sur l'avion du retour. Quand j'écoute un Woody Allen, y'a toujours la toune des Rita Mitsouko qui me joue dans la tête... « Les histoires d'amour finissent mal, en général! » Comme pour cette ritournelle, le cinéaste réussit à rendre divertissante une certaine déchéance humaine à laquelle on s'identifie à coup sûr.

Donc me voilà, entouré de jeunes loups et louves en ruth. Je feel « has been » mais en même temps, je sais que je ne serai jamais un gars qui fera son âge. J'assume pleinement mon syndrôme Peter Pan et je fais mon chemin à travers les avinés tout croches qui ont passé du stade « j'peux tu chauffer mon char? » à « j'peux tu me tenir debout tout court? »... c'est pas chic. Ça doit être comme ça que les gens qui travaillent à l'asile se sentent, entourés de « pas sur la même longueur d'onde » qu'eux, me dis-je, du haut de ma sobriété raisonnable mais combien ennuyeuse.

Après mes salutations d'usage avec le super staff, je me retrouve avec un 7up à jaser avec le DJ. 

Rongé par je ne sais quel malaise, je décide de quitter. C'est plate calisse! C'est plate en esti! C'est pas vous, c'est moi Tabarnak! Je suis dans l'antichambre du bonheur, envahi par le dilemme de me péter la face avec la première venue, de continuer sur la route de l'indépendance quasi monastique ou ben de reprendre avec mon ex. Calisse que c'est d'la marde!

Je longe le bar en spottant la sortie. Une gang m'intercepte. Des belles chicks. Elles sont 3. Y'a 2 gars donc y reste une place dans l'char! « Salut! Viens prendre une bière avec nous » C'est suspect, crisse. Les 3 filles me regardent comme si j'étais une rock star... non une TV star. Je les approche et je suis vraiment d'un scepticisme consommé. « Euh, tsé, s'cuse, tu serais pas chosebine d'Occupation Double? »

Suis-je humilié? Suis-je déclassé? Suis-je dénigré? Je le sais pas mais suis-je à boutte? Oui! Évidemment, je réponds non. Tels les chanteurs de Mili Vanelli qui viennent de se faire buster LIVE on stage avec leur lipsync à la con, me voilà automatiquement ostracisé parce que je ne suis pas Kaven, le 2 de coscient dans cette merde de téléréalité. Mais je suis pas dépendant affectif au point de me reprendre en leur disant que je reviens d'une tournée en Angleterre... Je m'en calisse pis mangez toutes d'la marde.

Je suis dehors. La neige tombe et moi aussi... À la maison, je suis couché dans mon lit sur le dos. Je vois clairement le plafond de la chambre... « Donc chu pas si bas que ça » me dis-je...

Je rêve au sud. Cuba et ses belles plages... mais crisse que la bouffe est dégueu... Osti, je rêve! Je peux tu au moins rêver à quelque chose de cool?????

DRIIIIIING! Le téléphone me sort de mon sommeil, de mes rêves et aussi de la toune « Guantanamera ». Chu pas déçu.

« Allo? » - « Oui M. Moisan? C'est... de TVA » Ah ben crisse! Pense Bonne!!! « Vous arrivez au 4e rang d'un palmarès international, le World Lover Loser 2012, tout juste après Woody Allen, Elizabeth Taylor et Britney Spears...  C'est votre blogue Le Chien Perdu qui vous vaut cet honneur » Je ne me pince même plus. Tout m'arrive. Même mes rêves sont rendus plates comparés à ma réalité. « Est-ce possible d'avoir une entrevue? » - « Excuse moi là mais ton entrevue, tu peux bien te la mettre... » - « Non, non! Écoute. J'ai pas toujours été correcte avec toi mais tu sais c'est quoi... les gens veulent des histoires plus vraies que vraies, on tourne les coins ronds, c'est spectaculaire pis le boss aime ben ça. J'ai rien contre toi. Ah pis c'est comme tu veux. Je ferai un topo pareil. T'auras juste pas l'opportunité de t'exprimer » Ostie de vache... - « Ah! OK d'Abord! » Je déteste quand les journalistes font ce genre de chantage. Ils ont tellement de pouvoir. « Donc, on se voit où? » - « Euh... chez moi ça t'irait? » dit elle.

Ostie de Pense Bonne! Kossé qu'à veut vraiment?... Dur à dire. Est pas laitte... petite un peu mais bon. Il fut un temps où je rêvais de me taper ces petites arrivistes, les croyant meilleures que les autres, pour finir par m'apercevoir que cet « over achievement » de leur part n'était bien souvent qu'un pattern qu'elles avaient développé depuis leur tout jeune âge pour attirer l'attention d'un père absent et indifférent. Elles sont tellement absorbées par ce qu'elles veulent devenir, que dans le moment présent, elles ne sont rien.

J'arrive sur la rue Bellevue. Ah ben! Pense Bonne et moi, on reste pas loin l'un de l'autre... physiquement, du moins. Je sonne. Elle ouvre « Oui, entre, enlève tes souliers » me dit-elle tout en parlant au téléphone avec je ne sais qui... Crisse! J'ai un bas percé. Mon gros orteil est sorti. Je tire sur le bas pis je le replie en rentrant le tout entre deux autres orteils... j'ai l'air cave mais elle a rien vu. « Qu'est-ce que t'as? Tu boites? » Je lui fais un signe genre, j'ai la cheville foulée. Elle me regarde même plus. Elle est absorbée par son appel. « Oui mais as tu la shot? Tsé la shot où je fais pleurer la madame en lui montrant les photos de son mari mort? Oui! C'est bon ça! Ça va tirer en masse. Les explications de la police? Non laisse faire, on a pas le temps. Focus sur le show. Le fond de l'histoire, ça intéresse personne. Quelqu'un? Oui, j'ai le camelot ici que je dois payer » Tabarnak! Le camelot! « Ta femme est pas là ce soir? Ah... peut-être. Je peux pas te parler... » conclut-elle en baissant le volume.

« Bon! Alors assieds toi. Voici le communiqué. Ça sort demain sur TVA et sur Mlle. Tu as été sélectionné car ça prenait un québécois et par surcroît, quelqu'un qui n'a pas une carrière qui pourrait souffrir de ce palmarès. Pis les montréalais voulaient absolument quelqu'un de Québec. Montréal a une image trop loser actuellement »

-  « Mais qui m'a inscrit à ça? » - « Euh... moi! » Tu parles d'une crisse de folle! Là, je sais pas ce qui me retient... « Ben quoi? Tu passes bien à la caméra, tu parles bien pis t'as un baby face. Tu vas être parfait, crois moi. Tout le Québec va vouloir sortir avec toi » Mais je veux pas sortir avec tout le Québec moi! Son téléphone sonne. « Allo? Oui! Il est ici. Attendez, je vous reçois mal » dit-elle en sortant dehors.

Me voilà seul dans le salon de Pense Bonne qui gesticule dehors tout en grillant une cigarette. Crisse, j'ai envie de pisser. Où sont les toilettes? Y'a un couloir et 3 portes. J'ouvre celle du fond. J'allume la lumière. Je capote ! Une pièce remplie de découpures de journeaux et de posters de... MOI ! Là, je me pince. Pense Bonne accro à moi? Je vois un écran d'ordi ouvert... une page Facebook. C'est Rita Rondeau, la petite grosse qui commente toujours les statuts sur la page de Mosquito-B. OK! Rita, c'est Pense Bonne... Elle s'est créé une fausse identité pour me traquer... J'entends du bruit. Je ferme la porte et je déambule doucement vers le salon. Mon absence n'a pas paru mais avec tout ça, j'ai pas pissé...

« Voyons, t'as l'air bizarre » me dit Pense Bonne. Je la regarde et je souris. Elle est maintenant différente. Je la trouve comme plus belle depuis que je sais qu'elle me veut. - « Alors, cette entrevue? On se la fait? » lui dis-je en prenant mes aises sur son sofa. - « Oui, oui » répond-elle en regardant sa montre de façon incessante. - « Tu sais... au fond, je t'ai toujours trouvée ben bonne. T'as le sens du timing et du spectacle dans tes topos... » Ça y est, j'ai ouvert la machine, je la sens nerveuse... rien ne pourra m'arrêter... Clic! Clic! Squick! La porte ouvre... sûrement un caméraman.

- « AAAAAAAAAHHHHHHHHH!!!!! Dan Louiiiiiiiis!!!!!!!! » Mon Dieu mais quel cri strident ?!? Osti! C'est... - « Dan, je te présente Rita Rondeau, ma coloc » dit-elle en me pointant du doigt une petite grosse en pleurs, au bord de perdre conscience sur le pas de la porte. « Ce concours de loser, c'était qu'une feinte pour t'attirer ici. J'avais promis à Rita qu'elle te rencontrerait pour sa fête. Tu m'en veux pas j'espère? » Ça cogne à la porte... là c'est le caméraman. « Bon ben mon rendez-vous est là. Je vous laisse faire plus ample connaissance. Ciao! Ah oui Dan, ton gros orteil est sorti de ton bas... » GRRRRRRRRR!

À plus,

Le Chien Perdu

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